Chapitre 7

            Josh failli s’étrangler avec son café.

—    Pardon ?

—    On était ensemble il y a deux mois.

—    C’est une blague ?

—    Je… non. Pourquoi ?

—    Vas-y, continues ta petite histoire. Pourquoi t’es plus avec lui ?

—    Quand j’ai vu qu’il commençait à… tomber amoureux de moi, je ne voulais pas lui faire de mal, alors je l’ai plaqué. Je n’avais pas les mêmes sentiments.

La jeune femme mit une main devant sa bouche. Pourquoi avait-elle dit ça ? Maintenant c’était certain qu’il allait la plaquer !

Josh éclata de rire sous l’œil interrogateur de Kendra. Qu’est-ce qui lui prenait ?

—    Qu’est-ce qui se passe Josh ?

—    C’est n’importe quoi ! Terry n’aime personne et n’a absolument aucun sentiment par rapport aux autres.

—    Tu le connais ?

—    Depuis mon adolescence ! Il s’est seulement servit de toi Kendra. S’il t’a fait croire qu’il était dingue de toi c’est qu’il voulait quelque chose de toi.

—    Mais… mais il avait l’air tellement sincère ! S’exclama la jeune femme en se mordillant la lèvre inférieure.

—    C’est un très bon acteur. Crois-moi. Au fait, comment il a fait pour pénétrer dans ton appart’ ?

—    Il était dans l’appart’ ?

—    Je l’ai pas trouvé sur le palier.

—    Il a dû refaire les clés, j’ai pas encore fait changer les serrures.

—    T’as pas l’air plus paniquée que ça…

Josh marqua une pause et observa la jeune femme qui s’était tournée et lui offrait ainsi une vue sur son dos.

—    Pourquoi il viendrait te voir à ton appart’?

—    Comment tu veux que je le sache ? S’énerva Kendra. Je croyais que tu le connaissais mieux que moi ! Si tu le connais si bien, t’as qu’à lui demander toi-même !

A son ton si condescendant quand il lui avait répondu, elle avait compris que désormais il se fichait royalement d’elle et ça, elle ne pouvait pas le supporter ! La jeune femme en avait marre de souffrir à cause de lui, mais elle ne pouvait plus vivre sans lui…

Le jeune roux se leva et se dirigea vers la porte de sa chambre. Il s’arrêta sur le seuil et se retourna.

—    Au fait Kendra, il serait temps de rentrer chez toi. Lui dit-il avant de disparaître dans la pièce.

Josh prit ses affaires et retourna dans son salon.

—    Je veux que tu aies quitté mon appart’ avant que je rentre du boulot ce soir.

Le jeune homme sortit en claquant la porte, laissant Kendra bouche bée. La jeune femme fixait la porte, abasourdie.

Alors ça y était ? C’était fini ? C’était comme ça qu’il lui faisait comprendre que leur pseudo-liaison n’avait plus lieu d’être ? C’était ainsi qu’elle se faisait larguer par le seul homme qu’elle ait jamais aimé ? C’était ainsi qu’il anéantissait tous ses espoirs ? Avec une déclaration très explicite, blessante et en claquant la porte ?

Qu’avait-elle fait de mal ? Qu’avait-elle dit de mal ? Pourquoi s’était-il énervé si vite quand elle parlait de Terrence ?

Pourquoi ne voyait-il en elle que le substitut de sa solitude ? Toutes ses illusions volaient en éclat les unes après les autres. Ils n’étaient plus ensemble mais, à vrai dire, ils ne l’avaient jamais vraiment été. Elle n’avait été là que pour satisfaire ses envies, ses désirs. Et maintenant, il ne voulait plus du tout d’elle. La jeune femme sentit la tristesse remonter le long de sa gorge pour l’étouffer. Les larmes jaillirent malgré elle. Kendra se sentait pitoyable. Elle n’avait jamais autant pleuré que depuis ces derniers jours et pour quelque chose qu’elle savait impossible. La jeune femme savait qu’elle n’était rien pour Josh mais ça n’empêchait pas le chagrin de lui nouer la gorge.

Chapitre 9 

Josh avait apparemment perdu la notion du temps, ça faisait bientôt une heure qu’ils étaient là à discuter de tout et de rien. Ryan se demandait pourquoi Josh prenait autant de photos de lui alors qu’il n’avait rien d’intéressant. Il lui posa finalement la question pour combler le silence qui s’était installé.

            — Parce que selon le sujet abordé tu changes d’expression ce qui trahit tes sentiments. Tu es incapable de mentir, tes pensées sont inscrites sur ton visage. Je sais que tu es contre la polygamie, par exemple, et que quand tu es avec quelqu’un tu refuses de partager. Ajouta le roux avec un sourire sardonique. Tu pourras observer chacune de ces photos une par une et tu verras qu’aucune ne se ressemble.

Le jeune blond en resta bouche-bée.

—    T’as réussi à voir tout ça en moins d’une heure ?

Josh lâcha son appareil photo et son air moqueur reprit sa place initiale.

—    C’est que tu es plutôt expressif.

Ryan rougit et baissa les yeux.

—    Tu aimes la photo ?

—    Mouais…

—    Mouais ? Qu’est-ce que tu fais là alors ? Pourquoi avoir choisit la photographie ?

—    C’est Tom qui m’a trouvé ce job.

—    Oui, je sais, tu l’as déjà dit. Mais t’es quand même dans une école de photo sinon le patron ne t’aurais sûrement pas prit.

—    Oui, mais… c’est compliqué. Pourquoi en faire tout une histoire ? C’est juste des photos, un appareil, un décor et un déclic !

—    Et tu voulais devenir photographe ? C’est pitoyable ! Une photo n’est pas juste un appareil, un décor et un déclic ! Si le photographe est mauvais, ses photos ne seront jamais réussies, peu importe que ces trois facteurs soient proches de la perfection. Une photo c’est une idée, une sensation, une émotion, un sentiment. Pas un vulgaire assortiment de facteurs !

—    Je sais tout ça, c’est ce que je pensais aussi… avant.

—    Avant quoi ? 

—    Avant qu’… Tu devrais rappeler tes mannequins avant qu’ils ne décident de s’en aller. T’as une séance à terminer je me trompe ?

Josh l’observa une seconde en silence avant d’aller ouvrir la porte du studio.

Quatre têtes se tournèrent vers lui. Quatre ?

—    Où sont Tania et Bryan ?

—    Euh… dans la salle de bain. Murmura une jeune fille blonde, gênée.

—    Il l’aide à… mettre ses jarretelles. Ajouta sa voisine.

—    Ses jarretelles ? C’est pas déjà fait depuis le temps ?

—    Je peux aller voir si tu veux. Dit la seconde jeune femme.

—    Non merci, mais je vais m’en charger moi-même. Retournez dans le studio.

Les mannequins sortirent de la salle laissant Josh face à la porte de la salle de bain qu’il ouvrit aussitôt.

—    Alors, c’est comme ça que tu l’aides à mettre ses jarretelles toi ? Nan mais vous vous foutez de ma gueule ? Vous vous croyez où ? Dans un bordel ? C’est pas un baisodrome ici, compris ? Et, Bryan, je te paie pour jouer les assistants, pas pour sauter mes mannequins, c’est clair ? Maintenant, vous vous dépêchez de vous habiller et je vous attends dans cinq minutes dans le studio ! Hurla le photographe, excédé.

Josh sortit et claqua violement la porte.

—    Nan mais c’est quoi ça ? Ça travaille pour une agence de mannequin et ça se croit tout permit ! Murmura Josh.

—    Un problème avec tes mannequins ? Demanda innocemment Ryan avec un sourire moqueur.

—    C’est pire qu’une maison close ici !

—    Ça doit pas te changer beaucoup de chez toi dans ce cas.

—    Tu me cherches ? Qu’est-ce que tu veux ? Que j’te saute vite fait dans un coin ? Tu vas pas t’y mettre aussi !

—    Ça s’appelle de l’ironie mais apparemment aujourd’hui t’es pas d’humeur à comprendre l’humour.

—    Oh mais dis moi, t’as prit des cours cette nuit ? D’habitude t’es plutôt du genre timide qui parle pas, reste dans son coin et rougit pour rien, alors qu’est-ce qui t’arrives aujourd’hui ? T’es en chaleur ? De toute façon tout le monde l’est dans cette boîte ! A croire que le patron n’a embauché que des animaux !

—    Et toi ? Qu’est-ce qui t’arrives ? T’es pas du genre à t’énerver pour rien, ni à crier. Qu’est-ce qui te met en rogne comme ça ? T’as été obligé de te soulager avec madame la main et ça t’enrage ?

—    Mais c’est pas vrai ! Reste à ta place un peu ! T’es qu’un gosse et aujourd’hui j’suis ton boss alors tu la fermes !

Le silence s’abattit d’un coup sur les deux hommes. Ryan observait Josh avec un sourire moqueur.

—    T’essaie de faire quoi ? Prends pas ma place ! C’est moi qui suis hautain, désagréable et sarcastique alors reste timide et range ton insolence ! Maintenant tu te poses dans un coin et tu te contentes d’observer.

Josh s’éloigna en rogne et termina sa séance en même temps que sa seconde carte mémoire, dans un silence tendu.

—    C’est bon, vous pouvez y aller. C’est terminé pour aujourd’hui.

Le photographe sortit du studio, son appareil sous le bras et alla s’installer dans son bureau pour trier et retoucher ses photos. Pendant que son ordinateur s’occupait d’imprimer les clichés retenus, Josh s’allongea sur le divan et ferma les yeux.

Ryan avait raison quelque part, il ne comprenait pas lui-même pourquoi il avait été si agressif. Le blond était devenu moqueur à son égard et il avait eu l’impression de perdre le contrôle, et ça, il détestait ! Perdre le contrôle de la situation représentait pour lui une faiblesse. Et il ne voulait pas paraître faible !

Le son de l’imprimante se faisait de plus en plus lointain.

            Un léger mouvement le perturba, il sentit une présence au-dessus de lui, puis un souffle sur sa joue et une main qui repoussait une de ses mèches de cheveux.

Josh agit rapidement. Il saisit le poignet de l’intrus et le poussa sur le côté. Il roula et se retrouva sur sa victime.

—    Qu’est-ce que tu fous là Ryan ?

—    Je suis venu te parler.

—    Je te manquais ? Demanda Josh, moqueur.

—    Ecoute Josh, tout le monde ne rêve pas que de coucher avec toi !

—    Peut-être, mais toi oui ! S’exclama le jeune homme en passant la main sur la bosse qui s’était formée dans le pantalon de Ryan.

Josh laissa errer son regard sur le torse de Ryan avec un regard pervers pour le faire rougir, ce qui ne manqua pas. Ryan détourna la tête, il avait chaud. Il fallait qu’il se sorte de là ! Josh fit courir sa main sur son tee-shirt en dessinant le contour de petits cercles invisibles.

—    Tu voulais me parler de quoi ? Susurra Josh.

—    Je…je…

—    Tu as perdu ta langue ? Demanda le jeune roux en déposant une pluie de baisers dans le cou du jeune homme.

Josh passa sa main sous le vêtement de l’australien et effleura son torse très légèrement, ce qui eu pour effet d’affoler encore plus Ryan. Il frissonnait sous ses caresses et en avait même oublié l’objet de sa visite. Pourquoi était-il venu à la base ?

Le blond se cambra involontairement quand Josh saisit un de ses tétons entre ses dents. Il ne s’était même pas aperçu qu’il lui avait retiré son tee-shirt ! Il continua à explorer le corps de Ryan qui, malgré lui, faisait de même, il n’arrivait plus à se contrôler. Tout ce qu’il voulait en ce moment c’était de pouvoir le toucher, le caresser. Le photographe prit ses lèvres brutalement et fit pénétrer sa langue dans la bouche de son compagnon qui répondit à son baiser avec ardeur. Un ballet sensuel débuta entre leur deux corps. Leurs mains qui parcouraient le corps de l’autre, avides de caresses, leurs langues qui se frôlaient avec volupté puis s’unissaient lascivement. Ryan s’abandonna totalement à leur étreinte.

            Le téléphone sonna, mais les deux hommes l’ignorèrent. Ils étaient bien trop occupés par leur petit jeu de séduction. Ils étaient tout deux torse nu, l’un sur l’autre à même la moquette. Ryan déboucla la ceinture de Josh qui le regarda avec un air interrogateur. Le blond lui répondit en souriant et entreprit de terminer ce qu’il avait commencé, quand le répondeur se mit en route.

            « Salut Josh. Fit une voix froide. J’aimerais te voir… »

Le photographe s’était relevé et avait attrapé le combiné du téléphone d’un seul mouvement, coupant ainsi le haut-parleur.

—    Terrence…

—    …

—    J’étais occupé.

—    …

—    Ok, je viendrais.

Josh reposa le téléphone et se retourna. Ryan était encore sur le sol, hébété. En entendant cette voix, il avait blêmit, mais Josh ne l’avait pas remarqué. Le photographe lui jeta un regard désolé.

—    Va falloir que j’y aille.

Ryan le regarda avec un sentiment de soulagement mais surtout de tristesse. Il n’était surement pas prêt pour ce qu’ils auraient fait, mais il ne voulait se faire jeter ainsi.

—    C’était qui ? Ton mec ? T’en a combien à la fois ?

—    Ecoute laisse tomber ok ? Faut que j’y aille.

L’australien se releva quand Josh sortit de la pièce en fermant délicatement la porte. Ce n’était pas vraiment dans ses habitudes… Alors il le laissait tomber pour un autre ? Au moment où il devenait consentant, il se faisait jeter ? Surement pas !