Le Chapitre 23 de CP arrive en avance car il est assez court et je pense qu'il ne mérite pas une MAJ à lui tout seul. 

J'aurais eu l'impression de vous arnaquer en vous faisant attendre dix jours pour à peine 5 pages, donc le voilà :) 

Chapitre 23

La sonnette me sort de ma préparation raffinée de pâtes au ketchup-gruyère-beurre. Je vais ouvrir et découvre presque sans surprise Matthew. Je suis encore carrément énervé pour sa trahison, embarrassé pour Seth et en même temps j’ai besoin de ses infos. Je suis complètement perdu au milieu du tumulte d’émotions qui tourbillonnent autour de moi, et du coup je ne sais absolument pas comment réagir là tout de suite. 

Il décide pour moi et va directement s’asseoir dans le canapé. Je referme machinalement la porte et me tourne vers lui. 

- On a plein de choses à mettre au clair. Premièrement, j’aimerais savoir pourquoi tu t’es enfuit de chez moi alors que tout avait l’air d’aller.

Je ne bouge pas d’un millimètre. Je suis contre la porte et il est dos à moi. Je ne comprends pas. 

- Est-ce que tu te fous de moi ?

- Pourquoi je ferais ça ? Et viens t’asseoir, j’aimerais te voir quand je te parle. 

Je m’avance lentement et choisis puérilement le pouf de l’autre côté de la table basse pour ne pas me retrouver à côté de lui. 

- Tu ne penses pas que tu t’es assez payé ma tête ? Ta trahison n’est pas évidente ? 

Il fronce les sourcils. 

- Quelle trahison ?

- Je pensais que tu avais compris pourtant quand tu as parlé de te reprocher des « choses imaginaires » ce matin !

- Où tu veux en venir ? J’ai dit ça parce que je ne vois absolument pas ce que j’ai pu faire de mal !

- C’est sûr que ton « soit-disant meilleur pote » qui te ramène le petit dèj en t’appelant « mon ange » ce n’est absolument pas suspect. Viens pas me faire croire que tu ne te le tapes pas !

- Faut que t’arrête de t’inventer des histoires abracadabrantes ! Je n’ai pas couché avec toi parce que je m’ennuyais dans mon couple fictif ! J’essaye de m’en défaire mais il s’accroche qu’est-ce que je peux y faire ?

- La fermeté tu connais ?

- Tu crois que c’est facile de couper brusquement des liens d’amitié qui durent depuis plusieurs années ? Et de les rompre en ne blessant pas la personne concernée ? 

- C’est pas difficile de lui dire d’arrêter de faire ça !

- Ah oui ? Et toi ça n’a pas été trop difficile le célibat pendant une nuit ? 

Je joue les poissons carpes pendant une minute. Ouvrant et fermant la bouche, ne trouvant pas mes mots. J’avoue que j’ai un peu honte. 

- Ça bien failli, je ne te le cache pas mais, il ne s’est rien passé. On était trop bourrés. 

- Je sais pas si tu te rends compte mais ton « on était trop bourrés » n’est pas des plus rassurants. 

- Je préfère être honnête. Je vais pas te mentir en te disant qu’il ne se serait jamais rien passé, c’est faux. 

Il ferme les yeux et se pince l’arrêt du nez. Je me mure dans le silence, ne sachant quoi ajouter. Malheureusement, quand ses paupières se soulèvent je ne parviens pas à déchiffrer quoique ce soit dans ses prunelles. Je ne sais pas si nous avons fini, si on se quitte, si on se donne une seconde chance. Je suis encore plus perdu que tout à l’heure. Au moins j’avais la colère pour me tenir chaud. Maintenant, je n’ai plus que du doute. 

Je n’ose plus ajouter quoique ce soit sur tout ça mais, j’ai quand même besoin de savoir ce qui arrive à Kay. 

- Je ne sais pas si on en a fini ou non avec cette histoire mais, je voulais te poser une question. 

Son regard las se pose sur moi et je me sens abattu. 

- Est-ce que tu sais ce qui arrive à Kay ? Je veux dire… Je m’inquiète et j’ai peur qu’il ne soit retourné à ses… à la prostitution… 

Je vois un faible sourire naître sur ses lèvres. 

- Tu t’es vraiment pris la tête. C’est bien plus simple que ça.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas où il veut en venir. 

- Il est tombé amoureux. De quelqu’un qui le lui rend enfin. Ajoute-t-il avec un air de reproche. 

- Ah… 

C’est tout ce que je parviens à articuler.

- Seulement, comme dans toutes les histoires il y a des hauts et des bas. Il souffre quand même nettement moins qu’avec toi.

J’hoche la tête, un peu perdu et le silence se prolonge durant de longues minutes. 

- Et… Qu’est-ce qu’on fait ? Pour nous ?

Matt soupire et se passe une main lasse dans les cheveux. 

- Je ne sais pas Kurt. Je t’apprécie énormément mais tes sautes d’humeur me fatiguent. Je n’ai pas envie d’une relation prise de tête. Quand je rentre chez moi, je veux pouvoir me détendre pas m’engueuler avec qui que ce soit. 

- Ça veut dire ?

- Laisse moi du temps et calme toi. 

* * *

Je ne sais pas trop où en est notre histoire. Je ne sais même pas ce que je veux réellement. Je suis complètement perdu.

J’ai décidé d’aller voir ma mère. Le fait qu’elle ne m’approuve pas me contrarie énormément mais, je me suis assez braqué contre elle ces derniers temps. Ça serait pas mal d’en discuter avec elle. Je ne sais pas exactement quels à priori elle a et je ne sais pas trop sur quel tableau cibler mon argumentaire mais, essayer de lui faire comprendre que je ne suis pas malade, que ce n’est pas une passade et que je suis heureux comme ça, serait déjà une bonne chose je pense. 

Rester en froid avec elle c’est couper les ponts avec ma famille. Et une mère on en a qu’une. Je sais bien que ce n’est pas à moi d’aller vers elle mais, si je ne bouge pas, je ne suis pas sure qu’elle vienne d’elle-même. Et puis, même si ce n’est pas sur une note très positive, au moins ça me changera les idées. 

Je suis au bout de la rue, j’aperçois la maison et je ralentis un peu le pas comme pour repousser l’impact, gagner du temps avant l’affrontement. Je fais le malin mais au fond je crève de trouille. J’ai peur que même après avoir essayé de la comprendre elle me rejette encore une fois. Et malgré le fait que je veuille être fort, cette pensée me fait mal au coeur. C’est quand même ma mère et je l’aime. Je l’accepte comme elle est même si j’aimerais qu’elle arrête de se laisser aller. J’apprécierais qu’elle fasse de même avec moi. M’accepter tout entier. 

J’ai bien conscience qu’elle ne va pas bien depuis que mon beau père l’a quitté. Elle est renfermée, ne sort presque plus. Même si j’ai noté un léger changement au niveau de sa garde robe. Je voudrais qu’elle prenne sur elle et passe outre ses préjugés. Je suis son fils merde ! Elle est censée m’aimer inconditionnellement. C’est ce que font les parents normalement, non ? 

Je continue de m’avancer, la peur au ventre, je ne suis plus qu’à une centaine de pas de la maison. Je vois la porte s’ouvrir et ma mère en sortir. Je fronce les sourcils. Elle porte une très jolie robe, des chaussures à talons, est très bien coiffée et paraît maquillée de là où je suis. Qu’est-ce qui se passe ? 

C’est là que je vois un homme sortir à sa suite, fermer la porte et la prendre par le bras. Instinctivement, je me cache derrière la haie du voisin. Il l’entraine vers une voiture et elle sourit, radieuse, comme ravie d’être avec lui. Je plisse les yeux et… moi qui croyait que c’était un inconnu. Je ne savais pas qu’elle le revoyait. La dernière fois que je l’ai vu remonte à au moins quatre ans je crois. Mais qu’est-ce qu’elle fait ? Pourquoi ? Elle aurait pas pu trouver mieux ? Retomber dans les bras d’un homme qui vous a laissé en plan sans explications, il y a mieux comme perspective. 

Cet homme : c’est mon beau-père.