Lundi 20 février 1 20 /02 /Fév 01:11

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Hello !

Bon ce n'est pas Sensitiv' mais c'est ce sur quoi j'ai bossé dernièrement, en espérant que vous apprécirez ;) 

La présentation est dégueulasse, j'en suis désolée mais je suis passée par tous les navigateurs et à chaque fois c'est la même galère... 

 

 

 

 

 

Chapitre 1

Il s’éveilla difficilement le lendemain matin et se frotta les yeux en soupirant. Allongé en croix sur son lit et encore habillé, il se dit que les soirées de beuverie comme celle de la veille n’étaient pas de si bons plans que ça. Tout ce que ça lui avait apporté était une gueule de bois carabinée d’une part et, la prise de conscience de son subconscient tordu d’autre part. Oui, tordu, car le rêve qu’il venait de faire ne pouvait être considéré comme sain.

Une chance qu’il ait pensé à tirer les rideaux la veille car son mal de tête ne lui aurait pas permis de se prendre une lumière trop violente en plein dans la tronche. Alors que l’obscure clarté qui régnait dans la pièce était douce à souhait. Parfait. Il se tourna sur le côté en refermant les paupières et rabattit la couverture sur le côté, pas qu’il faisait une chaleur à crever mais presque. Aurait-il oublié de débrancher le chauffage ? Lumière mais pas fraicheur. Faudrait voir à réviser ses priorités… Dans un sursaut de conscience, il rouvrit les yeux, qu’il posa directement sur l’écran rétro-éclairé de son portable, dont la luminosité agressive lui brula la rétine. Quinze heures sept. Quinze heures ?!

Ariel se redressa brusquement en se grattant le crâne. Il détestait se lever à des horaires pareils. Mais, vu l’heure à laquelle il était rentré chez lui la veille, il ne fallait pas trop s’étonner… Mieux valait ne pas continuer à dormir car, il n’y arriverait plus la nuit par la suite.

Qu’allait-il bien pouvoir faire de son après-midi ? Jeux vidéo chez Liam ? Ou… non ! Mieux, emmener Loïs quelque part. Il pourrait déjà essayer de commencer à la charmer pour qu’elle lui tombe dans les bras en Espagne. Oui, bon, essayer. Il n’était pas spécialement doué avec les humanoïdes de sexe opposé. La stupidité qu’il leur prêtait la majorité du temps avait tendance à rejaillir sur lui. Soit il se mettait à buter sur ses mots, pas vraiment intéressé par la conversation et répondant avec l’attention concentrée totalement ailleurs, soit il se mettait à babiller sans grande conviction quand elle ne décrochait pas un mot, ou encore, il pouvait rester totalement silencieux quand il ne pouvait pas en placer une ou n’était réellementpas intéressé. Au final, c’était toujours lui qui passait pour un imbécile même si la plante qui l’accompagnait n’était pas franchement une lumière. Ce qui était souvent le cas…

Mais, peut-être que pour une fois il aurait un minimum de chance avec Loïs ? Espoir improbable mais, espoir quand même. Encourageant non ?

Il se leva après lui avoir envoyé un message, enleva ses vêtements qu’il posa - ou plutôt lança - négligemment sur la chaise en bois qui siégeait à côté de son matelas et boitilla en boxer jusqu’à la salle de bain. Une bonne douche achèverait de bien le réveiller. Il ouvrit la porte dans un brouillard semi-comateux, leva la tête et hurla.

Il hurlait encore quand il tituba en arrière et s’écrasa sur son lit contre lequel il venait de buter.

- Pourquoi cries-tu comme ça ? S’étonna une voix grave aux accents irrités sortant de la salle de bain.

- Mais… mais qu’est-ce que tu fous chez moi ?

La silhouette du personnage de son rêve le surplombait de toute sa hauteur, ses yeux bleus brillaient d’incompréhension et ses sourcils bruns étaient froncés en signe de perplexité. Perplexité qui faisait étrangement écho à la sienne.

- N’as-tu pas bien dormi ? J’ai pourtant trouvé ta couche fort confortable.

Ariel écarquilla les yeux et sa mâchoire inférieure descendit d’un étage. Apparemment ce mec ne comprenait rien à rien, le jeune homme était sidéré de voir une telle bêtise se matérialiser sous son nez. Enfin, sous son nez… Sous le plafond de sa chambre pour être exact.

Le prince considéra Ariel d’un oeil circonspect, ce dernier béait comme les poissons qu’il avait pu côtoyer dans son marais poisseux, ce qui lui donnait un air fortement ridicule. Est-ce que tous les humains étaient devenus aussi… étranges que lui ?

- C’est une blague, c’est ça ? Une caméra cachée ? Qui est-ce qui t’as payé ?

L’inconnu pencha la tête sur le côté en signe d’incompréhension pendant qu’Ariel se relevait.

- Je te demande pardon ? Je ne saisis pas…

Il ne mit qu’une demi seconde à se relever, ayant rapidement perdu son sang froid, se mit à hurler.

- Que tu saisisses quelque chose ou pas, je m’en contre fout ! Tu vas sortir de chez moi illico presto !

Le jeune homme se redressa de toute sa hauteur et mit toute la rage qu’il put dans son regard. Facile à dire quand on fait un mètre quatre vingt, mais quand on en fait dix de moins et que l’homme qui vous fait face les atteint largement lui

- Et met un putain de calbut’ bordel ! S’écria-t-il en se rendant compte de la nudité de son invité imprévu.

- Un quoi ? Et pourquoi donc un bordel ? Aurais-tu envie d’aller visiter les catins des bas quartiers ?

- Ooooh putain... Mais tu sors d’où toi ?

- D’un étrange marécage d’où tu m’as sorti.

Ariel se pinça l’arrête du nez entre le pouce et l’index en soupirant.

- Ils laissent sortir les malades de l’asile avant la fin de leur traitement maintenant ?

- Plaît-il ?

- Okay, d’accord… murmura le jeune homme aux cheveux rouges. Alors, tu vois, on va faire un truc simple. Déjà tu te rhabilles, okay ? Ensuite, je vais aller prendre ma douche et quand je reviendrais, tu auras tout simplement disparu, pigé ? Tu débarrasses le plancher !

Il se retourna aussitôt, pressé de fuir la vision d’un homme nu dans son appartement, et se dirigea rapidement vers la salle de bain. Quand il fut sur le point de refermer la porte, il s’aperçut que l’homme n’avait pas bougé d’un pouce.

- Va-t-en ! Dégage ! Casse-toi de chez moi ! Faut que j’te l’dise en quelle langue ?

Exaspéré, il claqua le battant contre lequel il s’appuya une fois enfermé dans la pièce. Qu’est-ce qu’il avait fait au Bon Dieu pour mériter ça ? Un déséquilibré. Putain de merde. Il tira rageusement le rideau de douche et se lava en priant pour que l’autre énergumène se barre au plus vite. Dans le pire des cas, il pouvait toujours appeler les flics… Mais il n’était pas agressif, juste un peu… spécial.

Ariel laissa l’eau ruisseler sur lui en secouant la tête. Allez ! Ce n’était pas juste ce pauvre incident qui allait lui gâcher la journée ! Ou sa fin de journée… Il passa pas loin de dix minutes sous le pommeau de douche, ce qui acheva de le réveiller et de lui ôter ses pensées négatives. Il ressortit de la baignoire quelque peu plus optimiste. M’enfin, restait déjà à voir ce que valait réellement Loïs… Mais, pour ça il aurait le temps de se faire une idée l’après-midi même.

Le jeune homme passa une serviette autour de ses hanches, posa la main sur la poignée, prit une profonde inspiration et poussa la porte. Bon, la vérité était qu’il n’avait pu s’empêcher de prier durant ces pauvres dix minutes pour que le taré qui envahissait son espace vital ait disparu. Peut-être le Ciel l’avait-il entendu car il n’y avait plus personne sur son lit. Il soupira de soulagement et sourit en allant chercher ses vêtements. Dé-ba-rrassé ! Il s’habilla rapidement en repensant à cet épisode plus qu’étrange mais ravi de s’en être dépêtré.

- Tes vêtements sont très étranges, tu sais ?

Ariel fit un bond et posa sa main sur son coeur qui battait la chamade. Et merde… Il se retourna et découvrit le brun, habillé façon renaissance - ou il ne savait trop quoi, il n’avait jamais été inspiré par l’histoire -, le dos droit comme plaqué contre un mur et une prestance hors du temps. Pro-blème.

- Mais… C’est quoi ces fringues ?

L’homme arbora encore un air interrogateur, comme s’il ne comprenait pas ce qu’il disait.

- Okaaaay… Techniquement, on s’en fout mais qu’est-ce que tu ne comprends pas dans « DÉGAGE »  ?

- Je ne peux te quitter. En me libérant du sort qui me retenait prisonnier, tu m’as lié à toi. Nous sommes ensemble pour toujours désormais.

Ariel ferma les yeux, la crise de nerfs prête à exploser. C’était forcémentune blague. Et pour engager un comédien aussi bon, il n’y avait que Liam. Le jeune homme rouvrit les paupières et sa mâchoire se crispa.

- C’est Liam qui t’a engagé c’est ça ?

- Qui est ce Liam ?

- C’est ça ! On va aller lui rendre visite et tu pourras arrêter ces conneries.

Ariel le regarda une demi seconde observer ce qui l’entourait d’un oeil intrigué et se dit que vraiment, ce mec était un bon acteur. Liam avait dû payer bien cher pour lui jouer ce tour.

Il attrapa sa veste et ordonna au comédien de le suivre sans même penser à lui faire changer de tenue. Ç’aurait sans doute été une bonne idée d’ailleurs vu les regards des passants sur leur binôme plus qu’étrange, mais il ne s’en formalisa pas.

Il sortit le double des clés de l’appartement de Liam, qu’il lui avait donné en cas d’urgence et entra en frappant quelques petits coups sur le battant de bois. A cette heure, ses parents étaient encore au travail donc il avait le champ libre. Il traversa l’habitation au pas de course et déboula sans prévenir dans la chambre de son ami, découvrant deux têtes brunes encore à moitié endormies, dépassants à peine de sous l’épaisse couette bleu marine de Liam. Ils relevèrent la tête. Bon au moins, le cas Loïs était réglé…

- Liam ! Tu m’expliques ça ? Demanda-t-il en attrapant la manche de l’homme.

Liam se frotta les yeux et émit un « hein ? » d’incompréhension. Ariel secoua la tête et se retourna vers son squatteur.

- T’es qui toi d’abord ?

- Je suis le Prince du comté de Bretagne.

Le jeune homme haussa un sourcil dubitatif.

- Ton nom ?

- Je me prénomme Erik, troisième du nom.

Ariel fronça les sourcils avant de s’acharner sur Liam.

- Nan mais tu te fous vraiment de ma gueule ! Dans tous les sens du terme en plus !

- Mais putain Ariel, de quoi tu parles, bordel ?

- De cet acteur que t’as envoyé chez moi et qui se prend pour je ne sais quoi !

- Mais j’ai rien fait, putain.

- Mais oui…

- Écoute, j’étais bien trop occupé pour me pencher sur ton cas, si tu vois ce que je veux dire. Répondit-il en pointant Loïs du doigt.

- Ouais… J’vois un peu trop bien d’ailleurs.

Cet enfoiré c’était quand même tapé la nana qu’il était censé se faire. Même s’il n’avait pas grand chose à faire de cette greluche, Liam aurait pu, par soucis de tact, jeter son dévolu sur quelqu’un d’autre, non ?

Mais, après plusieurs minutes d’acharnements, Ariel dû bien se rendre à l’évidence, son ami ne savait absolument rien et n’était pas concerné par cette ahurissante histoire avec cet « Erik ».

- Mais… Si c’est pas toi qui l’a engagé, il sort d’où ?

- Aucune idée mec mais, laisse moi finir ma nuit tranquille maintenant.

Ariel fit lentement demi-tour, passa la porte de la chambre avant de se retourner, un sourire mesquin aux lèvres, fit signe au prince du grand n’importe quoi de passer et s’adressa à Liam d’un ton acerbe.

- Il est seize heures trente mon pote, ta mère rentre dans une demi-heure, le salon est dans un état pas possible et y a une nana à poil dans ton pieu. Je te laisse méditer là-dessus.

Avec une satisfaction presque malsaine, il vit son ami redresser la tête, prendre conscience de ce qu’il venait de lui annoncer et commencer à s’agiter à la vitesse d’un épileptique en pleine crise. Il sortit de son lit brusquement, ramassa les affaires féminines qui trainaient ça et là avant de les jeter sur Loïs, qui arborait un air hébété des plus comiques, en lui assenant de déguerpir au plus vite.

Ariel claqua la porte de la chambre, traversa le salon et sortit de l’appartement suivit du détraqué. Il rentra chez lui mi-dépité mi-satisfait en trainant son boulet derrière lui. Cette fois-ci les regards intrigués et effrayés qu’Erik lançait autour de lui ne lui échappèrent pas. Il ressemblait clairement à une souris coincée dans un piège, se recroquevillant à chaque mouvement brusque autour de lui. Apparemment les voitures lui faisaient une peur bleue et les briquets comme les téléphones portables l’intriguaient. Ils atterrirent finalement chez Ariel qui se laissa tomber sur une chaise haute devant le muret de la kitchenette, les coudes sur le bois et la tête entre les mains. Il souffla et regarda Erik qui continuait d’observer tout son appartement comme dans la rue, mi-effrayé mi-intrigué.

- Bon, sérieusement, on arrête de jouer, tu sors d’où ?

- Je te l’ai déjà conté, du marais où tu m’as trouvé.

Bon, il ne lâcherait pas le morceau si facilement apparemment. Soit il était réellement un acteur - dans ce cas, restait à savoir qui l’avait engagé - soit il était juste complètement dingue.

- Bon, raconte.

L’homme s’assit sur une chaise identique à celle d’Ariel tout en la regardant comme si elle allait le mordre.

- Et bien, c’est assez long et compliqué.

- C’est pas comme si on avait plus le temps. J’ai plus de future nana et mon meilleur pote n’est plus dispo, alors accouche.

Erik le regarda en clignant des yeux plusieurs fois en signe de totale incompréhension. Depuis qu’on l’avait lâché sous forme humaine dans ce monde de dingue, il ne comprenait plus rien à rien. Le pire était que l’erreur dans le tableau c’était lui. Toutes les personnes qu’il avait pu croiser se reflétaient les unes les autres, avec leurs accoutrements des plus inappropriés - avait-on déjà vu une lady porter des braies ? - et leurs façons de se tenir ! C’était aberrant ! Les gens étaient si semblables qu’on n’arrivaient plus à distinguer à quelle caste ils appartenaient ! Et quel était ce langage étrange qu’ils maniaient tous ? Cela ressemblait de loin au français qu’il avait autrefois entendu à la cour mais, de très loin.

Et lui se retrouvait là, perdu au milieu d’un monde qu’il n’arrivait absolument pas à concevoir. De son marais il avait pu apercevoir des pratiques étranges qui l’avaient fait froncer son front de batracien mais, être plongé entièrement dans toutes ces incohérences lui donnait mal à la tête. Peut-être que prendre un bon bain chaud l’aiderait à chasser cette douleur ? D’ailleurs où se trouvait la source d’eau la plus proche ? Parce qu’en voulant faire ses ablutions matinales avant que son compagnon ne se réveille, il n’avait jamais réussi à mettre la main sur un baquet d’eau chaude, ni sur un puit d’ailleurs… Et où étaient passés les domestiques ?

Prit d’un sursaut subit, il se tourna vers son hôte. Et s’il n’était qu’un gueux ? Sans argent ni titre ? Comment expliquer à son père qu’il allait épouser un moins que rien ? Sa colère allait faire trembler le royaume entier ! Dans quel pétrin s’était-il fourré ? La sorcière aurait pu l’envoyer directement ramer dans les galères ! Ça n’aurait pas été pire !

- Youhou ! T’es encore parmi nous ? Ironisa Ariel en secouant ses doigts devant les yeux d’Erik.

- Apparemment oui.

- Alors raconte. On a du temps mais j’ai pas envie d’y passer la nuit. Je pourrais même peut-être te ramener à l’asile avant le diner si on se dépêche.

Erik reporta son attention sur lui et entreprit de résumer un peu son histoire.

- Et bien, voyant que je ne prenais pas épouse mais accumulais les conquêtes, le Roi mon père en eut assez. Il prit certaines mesures qui ne menèrent à rien puis, de dépit convoqua la sorcière du royaume pour lui demander conseil. Au lieu de ça, elle trouva surement amusant de me transformer en grenouille et de faire en sorte que je ne puisse retrouver ma forme humaine que d’un baiser, tout en m’envoyant dans un monde totalement étranger au mien.

Il fit une pause avant de reprendre brusquement.

- Sais-tu à quel point il est difficile de trouver une princesse qui cherche un prince en embrassant des crapauds ? Et bien, quand tu es une grenouille c’est encore pire.

Ariel ricana. Mais pas longtemps…

- Heureusement que tu es passé par là !

- Pour mon plus grand malheur plutôt… Ma stupidité a apparemment autant de bornes qu’un puit sans fond. Marmonna Ariel. Et pourquoi elle a fait ça cette sorcière ? Ajouta-t-il de façon plus audible.

- Je n’ai pas d’opinion précise sur le sujet mais, les sorcières sont les rares personnes à réussir à s’affranchir de tout type d’autorité. Se moquer de mon père publiquement ? Me forcer à voir les choses autrement ?

- Bah pourquoi ton père l’a appelé alors ?

- Le désespoir fait faire de drôles de choses au plus sain d’esprit d’entre nous.

- Le désespoir carrément ? T’étais si horrible que ça comme gamin ?

- Là n’est pas le problème. Il fallait une princesse au royaume, je n’étais pas disposé à satisfaire cette requête voilà tout.

- Un gros bordel pour pas grand chose au final.

Erik le fixa dubitatif. Son futur amant s’escrimait à vouloir aller faire un tour dans un lupanar, sa compagnie ne lui suffisait-elle donc pas ? Peut-être la compagnie des femmes lui plaisait-elle plus ? Pour cela, il pouvait le comprendre, c’avait été également sa préférence auparavant néanmoins, après avoir passé tant de temps enfermé dans le corps d’un batracien il avait revu ses priorités. Et puis, c’était lui qui l’avait libéré et comme on dit : « A cheval donné on ne regarde pas les dents ».

Et puis, il ressentait une très forte attraction envers lui. C’était assez dur à définir mais cela s’apparentait à du désir avec quelque chose en plus, sur lequel il n’arrivait pas à mettre le doigt. Ou peut-être était-ce un résidu du sort ? Vu qu’il était contraint de trouver l’amour véritable pour recouvrir son trône, la sorcière avait certainement lancé une sorte de philtre d’amour ou autre broutille de ce genre dans le sort ?

Enfin, dans tous les cas Erik était condamné à rester près de la personne qui lui aurait permis de retrouver forme humaine. Même s’il tentait de s’éloigner, la malédiction le ramènerait toujoursvers lui. Ils étaient condamnés jusqu’à ce qu’Ariel cède… Et apparemment, ce ne serait pas demain la veille.

Ariel posa sa tête contre le comptoir de sa cuisine, désespéré. C’était plus grave que ce qu’il ne pensait. Ce mec vivait vraiment dans un autre monde. Sans savoir pourquoi il lui demanda plus de précisions. Pas qu’il croyait à son histoire tirée par les cheveux ou que ça l’intéressait mais, peut-être qu’en voyant les incohérences de ce qu’il racontait, l’homme verrait par lui-même qu’il était complètement à côté de la plaque ?

Malheureusement… Cela n’eut absolument pas l’effet escompté. Le problème fut que plus il parlait, plus la passion l’animait. Ajouté à ça, tous les détails qui parsemaient son récit, le rendait d’autant plus vivant et crédible.

Peut-être… peut-être que…  Non ! Le jeune homme commençait sérieusement à douter. Hum… De ses aptitudes mentales ? Oui et non. Il ne savait plus trop. Ariel se frappa le crâne du plat de la main.

- Bon, t’as pris quoi ? Ça a l’air de te faire un de ces effets ! Faudrait voir à se calmer là. 

Par Deadly - Publié dans : This could be Paradise... (Gay) [En cours] - Communauté : Roman gay Rose
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Vendredi 5 octobre 5 05 /10 /Oct 21:40
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    Hello ! 

    Étant donné que ça fait une éternité que je ne suis pas passée dans le coin (honte à moi), j'ai eu envie de vous poster quelque chose, bon c'est un texte que j'ai écrit il y a un bout de temps pour un concours mais, le nombre de caractères était limité donc c'est très condensé et pas très détaillé. J'ai voulu le modifier pour vous le donner mais après plus d'un an qu'il traine sur mon ordi je n'en ai jamais eu le courage. Donc il n'est évidemment pas excellent mais ça peut aller j'imagine. 

    Sinon, je reprends l'écriture petit à petit donc on verra ce que ça donnera mais je préfère ne rien promettre. 


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    La Haine mène à l’amour, même pour les anges.


    - Si seulement je pouvais arracher ce maudit sourire victorieux de son visage si horriblement lumineux !

    Le démon claquait des doigts dans le vide, comme pour s’aider à se concentrer, son éternel sourire arrogant au coin des lèvres. Il finirait bien par l’avoir cet abruti. Il n’était pas le premier qu’il ferait chuter. Les anges déchus, c’était son passe temps favori. Il serait néanmoins le premier à avoir résisté autant, à croire que la colère ou l’exaspération n’avaient pas de prises sur lui. A ce niveau là, il avait cent fois plus de colère en lui qu’il n’en faudrait pour faire dégager Déliel du Paradis. Saloperie d’anges, toujours à se croire supérieurs… Il s’engagea dans une ruelle perpendiculaire à celle où il se trouvait quand il manqua de se faire aveugler par une puissante aura virginale.

    Tiens, quand on parle du loup… Maugréa-t-il. Déliel ! ça faisait longtemps !

    - Pas assez à mon goût.

    - Qu’est-ce que tu fais par ici ? Tu me cherchais ? Je t’ai manqué hein ?

    - Tu prends toujours autant tes rêves pour des réalités Dash.

    - C’est Nash connard !

    - Qu’est-ce que j’y peux si tes parents t’ont donné un nom de lessive ? Peut-être qu’ils pensaient pouvoir laver la crasse ténébreuse qui te couvre ?

    - Tu crois que Déliel c’est mieux peut-être ? Mais dis-moi, qu’est-ce qu’un ange, sensé être pur, fait dans les quartiers des catins ? Tenté par le pêché de luxure ?

    - Je n’ai pas de temps à perdre pour un être si lugubrement méprisant que toi.

    - Méprisant ? N’est-ce pas le commencement de la haine ? Serais-tu entrain d’enfreindre les lois de ton stupide seigneur ?

    En une fraction de seconde l’ange s’était jeté sur lui et lui enserrait fermement la gorge.

    Enfin ! ENFIN ! Bien qu’il soit à deux doigts de suffoquer, Nash avait envie de sauter de joie. Enfin un accroc dans l’impassibilité de ce Déliel de malheur ! Après près de quatre mois de harcèlement, il cédait enfin !

    - Ta gueule Dash, ne joues pas à ça.

    - Ne fais pas l’innocent, comme si tu n’avais jamais eu envie de céder à la tentation. Après tant d’abstinence, t’es pire qu’une adolescente en chaleur !

    L’ange resserra sa prise autour du cou du démon, lui jetant un regard noir.

    - Si tu veux te vautrer dans le pêché, fais ce que tu veux mais ne me mêle pas à tes histoires sordides.

    - A quoi sert la résistance si tu en meurs autant d’envie ? N’est-ce pas si difficile de devoir se retenir alors que ça te torture la nuit ?

    - Dash…

    - C’est NASH connard ! S’écria le démon avant de lui balancer son poing directement sur sa pommette parfaite.

    L’ange surpris, tituba en arrière, se redressa et parti à l’assaut sans réfléchir, tandis que son regard si pur s’assombrissait. Cela faisait si longtemps que ce vulgaire amas de ténèbres lui pourrissait la vie !

    Un immense sourire victorieux illumina le visage de Nash, il avait gagné. Ce crétin était enfin tombé dans son piège. Il reprit aussitôt un regard impassible, ayant peur que l’ange ne recouvre son sang-froid s’il comprenait l’étendu de sa manipulation. Il esquiva adroitement le poing lumineux qui s’encastra dans le mur de briques rouges dans un fracas détonant. Nash en profita pour lui saisir le bras et d’un mouvement violent, fit basculer Déliel à terre. A bout de souffle, ce dernier se redressa en montrant les dents, dans un feulement félin. L’animal avait pris le dessus. L’échange de coups se poursuivit un bon quart d’heure, quand aussi amoché l’un que l’autre, chacun tenant la gorge de l’autre, ils se jetèrent tous deux sur les lèvres de l’autre. Surpris, ils s’écartèrent vivement avant de reprendre leur bagarre. Déliel lui lança son poing sur la mâchoire, Nash recula sous la puissance du choc puis se jeta sur lui, l’enfonçant violemment contre les briques. Il entendit l’ange réfréner un hoquet de douleur, releva la tête, à cinq centimètres de son visage, et ne put s’empêcher de l’embrasser. Il avait envie de ce connard ! L’ange, surprit se débattit férocement avant de se laisser attraper par son propre désir. Ce fut violent, preuve de leurs vêtements en lambeaux au sol après l’acte et des cris de frustration et de douleur qui s’élevaient de la ruelle. Mais ce fut également passionné, preuve de leurs gémissements d’allégresse et de leur désir croissant.

     

    * * *

     

    Cela faisait deux semaines qu’il n’avait pas vu Déliel. Au début, il se demandait pourquoi il pensait autant à cet être atrocement lumineux. Il espérait qu’il n’était pas tombé amoureux de cette tête de mule. Et puis, au fil du temps, le manque de plus en plus présent, il dû bien se rendre à l’évidence. Ce crétin avait pris son cœur. S’il en avait encore un…

    Il ne l’avait ni croisé sous sa forme angélique ni sous forme humaine. Il ne savait même pas si Dieu l’avait banni du Paradis. Le contraire aurait été étonnant après un acte charnel aussi violent. Déliel avait succombé à pas moins de deux pêchés capitaux cette nuit-là mais, Nash avait été incapable de le retrouver. Et ça l’énervait encore plus d’être énervé de ne pas trouver cet ange de malheur. Alors, il n’était pas sorti ce soir là et ruminait dans son lit, dans une maison humaine qu’il possédait afin de ne pas éveiller les soupçons des habitants sur le fait qu’il trainait dans un quartier où il n’habitait pas. Mais ruminer n’était pas mieux que de terroriser des adolescents la nuit.

    Un choc violent scinda son sommier en deux et l’expulsa hors de son lit, directement sur le carrelage. C’était quoi ce bordel ? Il se releva rapidement, les poings serrés, prêt à se jeter sur son adversaire. Une forme presque chétive et blanche gisait sur ses draps, elle bougea et se redressa. Nash desserra les poings, stupéfait. Déliel le fixa de ses deux prunelles azures.

    - Toi ! Tout est de ta faute !

    Il se leva et se dirigea droit sur lui, lui envoyant son poing sur le visage. Nash abasourdi, ne réagit pas, il se contentait de le fixer. Il se jeta soudain à son cou et l’embrassa aussi passionnément qu’il le ressentait.

    - Mais qu’est-ce que tu fous ?

    - Je t’aime. Lança-t-il en le fixant de ses grands yeux sombres.

    - Idiot. Sourit Déliel avant de prendre ses lèvres délicatement.

    Pour la première fois de sa vie, Nash eut envie de remercier le seigneur de son ange. Grâce à son renvoi, il leur avait permis de vivre leur histoire d’amour pas comme les autres.

    N’empêche que tu me dois un plafond, t’as détruit le mien. Dit Nash en contemplant le trou béant qui s’ouvrait fièrement au-dessus de son lit.

    Ta gueule Dash.

    C’est Nash !

    - Je sais. Rit l’ange déchu. 

Par Deadly - Publié dans : La Haine mène à l'amour... (Gay) [Terminée] - Communauté : A l'ombre des romances...
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Mercredi 10 octobre 3 10 /10 /Oct 10:30

 

 

 

Salut à tous !

Je ne sais pas si vous l'attendiez encore à cause de mes abominables abscences.

Mais il est là et j'espère qu'il va vous plaire !

 

Une présentation correcte ici, ils connaissent pas.

Du coup on se retrouve avec des pavés, que j'ai essayé d'éclaircir un peu. Ça reste lisible :) 

 

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Chapitre 6

 

  Ce n’était que la seconde journée et déjà, Andrès effleura l’idée de commettre un meurtre. Pas que se faire prendre en photo le gênait tant que ça - à part qu’il avait l’impression de passer pour un véritable abruti avec un objectif constamment braqué sur lui - mais, là il mangeait bordel ! Est-ce qu’un cliché de quelqu’un qui mange un putain de sandwich a réellement quelque chose d’artistique ? Est-ce qu’il ne pouvait pas avaler quoique ce soit sans être observé à la loupe ? Faire quoique ce soit d’ailleurs ? Il allait bientôt lui falloir des photos de son brossage de dents matinal ? Ou peut-être même de sa douche devenue quotidienne ? Arf, non en fait pas la douche. Ça pourrait prêter à confusion... 


  Quand il reposa enfin son appareil pour mordre dans son déjeuner, Andrès laissa échapper un soupir de soulagement. Il allait peut-être enfin le laisser profiter de son repas ! Il engloutit le dernier morceau de pain et avala une gorgée d’Inca Kola. 


Le soleil au zénith donnait une irréelle couleur scintillante à l’océan. Le regard perdu au loin, il se sentait bien, là, simplement assis sur la plage de Chorillos. Les rayons lui chatouillaient agréablement la peau, il ferma les yeux une seconde. 

 

  Le bruit du déclic de l’obturateur lui fit les rouvrir aussitôt. Et c’était reparti ! Pouvait pas être tranquille cinq minutes ! Il lui lança un regard noir qui fut immortalisé dans la seconde. Andrès se retint de grogner. Dante était vraiment insupportable. Ça avait été ça toute la matinée ! 


  Lit, douche, nourriture. Ne pas craquer ! Lit, douche, nourriture. Ne PAS craquer ! Il expira lentement pour se calmer et éviter de lui faire bouffer son appareil. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait pourtant...

Il se leva d’un bond n’arrivant plus à supporter le viseur de l’appareil photo braqué droit sur lui en permanence. Il avait accepté ce deal par plus ou moins obligation mais là... ça devenait un peu trop. 


  Il secoua la tête et passa une main dans ses mèches pour en décrocher les quelques grains de sable qui s’y étaient logés quand il s’était allongé une seconde. La chaleur était telle qu’il sentait la sueur dégouliner le long de son dos. Dans le coin externe de son champs de vision, il voyait Dante qui le détaillait.

Andrès serra les dents, enleva son tee-shirt, arracha presque son jean et se jeta dans l’eau. Il se mit à nager, nager, nager, aussi loin qu’il pu pour calmer ses nerfs. Là, tout de suite, il ne voyait pas comment il ferait pour tenir au moins une semaine sous un regard aussi scrutateur. C’était dérangeant. Très dérangeant. Il avait la mauvaise impression d’avoir un spot braqué sur lui H-24. Bon, techniquement ce n’était pas faux, hormis le fait que Dante n’utilisait pratiquement jamais le flash, lui préférant la lumière naturelle. 


  En l’espace de deux jours, il était passé d’invisible à incontournable. Et ce n’était pas spécialement la meilleure chose au monde. Il aimait bien l’indifférence des gens. Pas trop. L’invisibilité totale, il la laissait volontiers aux super héros mais, entre ça et être constamment regardé de toute part et sous toutes les coutures... il y avait un fossé !

Tous ces regards, ceux de Dante mis à part, le mettaient terriblement mal à l’aise. Mais : lit, douche, nourriture. Il ne pouvait pas craquer maintenant. Alors, en atteignant la bouée jaune qui délimitait la zone de baignade, il se promit de supporter encore sans se plaindre. Ça serait dur et il lui faudrait une dose considérable de sang froid mais, il se sentait capable d’y arriver. 


En retournant sur la plage, alors qu’il avait encore de l’eau jusqu’au bassin, il se pencha légèrement en arrière et passa ses doigts dans ses cheveux pour les plaquer en arrière. Il jeta un coup d’oeil aux alentours. Pas grand monde. Hmpff, tant mieux. Il n’avait pas franchement réfléchit avant de sauter dans l’eau comme un gamin mais il se sentait quelque peu idiot maintenant, pas vraiment à l’aise. Il plaqua ses bras sur son torse et  rejoignit l’endroit où Dante et lui avaient installé une couverture de fortune en scrutant le sol, et s’y assit.

L’autre n’avait toujours pas lâché son appareil. Evidemment... A croire qu’il était né avec ou qu’on lui avait greffé. Ce truc était une extension de lui-même, c’était incroyable ! Il dormait avec aussi ?


  Andrès s’appuya sur ses coudes et ferma les yeux. Il laissait volontier le soin au soleil de le sécher. Vu la chaleur ambiante, dix minutes seraient certainement suffisantes. Il tritura vaguement son collier, dernier vestige de sa famille. Sa soeur lui avait confectionné alors qu’elle avait douze ans, à l’école, avec un élastique et des cercles en bois. Il appréciait de voir le contraste entre les cinq bouts foncés alignés puis le bout plus clair, d’un bois blond, seul perdu au milieu. Et c’était comme ça tous les cinq morceau de bois. Son petit préféré était celui où elle s’était trompé et en avait mis six bruns et quatre autres autour du petit blond. Le seul qui n’était pas symétrique. Seul dans sa solitude et sa différence. Elle avait été scandalisé de voir son erreur mais c’était comme ça qu’il l’aimait ce collier. Imparfait. 

 

  Après un énième déclic, il plissa un oeil. Le profil de Dante se découpait nettement sur l’horizon. Ses longs cheveux noirs se fondaient totalement dans sa chemise noire entrouverte au col, si bien qu’on ne pouvait en définir parfaitement la longueur. Son début de barbe lui donnait un petit côté hérisson, légèrement négligé mais propre.

Et ses yeux... Ses yeux... On a tous joué aux billes étant enfants. Andrès avait sa petite favorite. La verte pâle nacrée qui brillait au soleil quand on la mettait sous un certain angle. Elle était magnifique. Et unique. Il n’en avait jamais vu de semblable chez ses amis. Là il en avait trouvé deux. Et elles le scrutaient en ce moment même. Et elles brillaient. Tout le temps. Différemment selon les humeurs. Mais il y avait toujours cet éclat de vie quelque part au fond. Cet éclat qui laisse pantois. Sauf quand il partait au loin dans ses pensées, elles se ternissaient légèrement mais ça ne durait jamais très longtemps, ou alors c’était juste que personne n’avait eu le privilège de le voir plus de quelques secondes. Quand il n’était plus seul, ce voile se levait aussitôt. 

 

  Commençant à se sentir à l’étroit sous ce regard, Andrès rompit le contact et enfila son tee-shirt. Il passa automatiquement une main sur son bouc en attrapant son jean. C’était la seule concession que Dante lui avait faite sur sa pilosité faciale. Et il avait sans doute eut raison car ça le rendait assez sexy et ça présentait tout de suite mieux. Pas qu’il soit poilu de base, il avait une pilosité assez peu développée mais un petit coup de rasoir ça vous changeait un homme. Ça lui donnait au moins l’air d’avoir son âge. S’il rasait tout, il prenait le risque de passer pour mineur ou pré-pubère, il n’avait pas quitté l’adolescence pour y replonger aussi sec... Ne serait-ce qu’en apparence. 


  Il se tortilla pour passer son jean sur son caleçon encore légèrement humide puis il se relava en se contorsionnant, remit rapidement ses chaussettes en sautillant sur place et sauta dans ses vieilles baskets qui avaient vu des jours meilleurs. Andrès, ou comment passer pour un incapable en manquant s’étaler pour une paire de chaussettes. 

 

  Il se campa face à Dante qui n’avait pas bougé d’un iota. Il comptait passer la journée sur la plage ? Ça faisait presque deux heures qu’ils étaient là. Deux heures à ne rien faire. Ce n’était pas que ne rien faire l’ennuyait en général - il avait eu plusieurs mois d’entrainement dans la rue ces derniers temps - mais, là il avait besoin de s’activer un minimum parce que s’il se concentrait encore sur les déclics incessants de l’obturateur même involontairement, il finirait réellement par lui faire avaler son objectif et il n’était pas sûr que ce soit très digeste. Tant mieux ! Qu’il s’étouffe avec ! 


  Non, non, non. Calme. Caaaaalme ! 

 

Il se retourna en respirant profondément et observa distraitement l’horizon. Le sable s’étendait à perte de vue, se noyant au loin dans l’horizon. Ce qui détruisait malheureusement la paysage étaient tous ces immeubles immondes qui surplombaient la plage depuis le haut de la falaise. Les rayons du soleil réussissaient à peine à l’embellir. C’était dire… Andrès sursauta quand on lui effleura le bras et vit que Dante s’était levé et avait remballé les affaires en silence. Il ne l’avait même pas entendu.

 

  - Tu viens ? Lui lança-t-il en le dépassant.

 

L’hôpital qui se fout de la charité. Littéralement

 

  Le jeune péruvien soupira puis entreprit de le suivre. Il regarda l’eau qui lui tendait les bras. Maintenant qu’il était habillé il avait vraiment chaud, il sentait ses vêtements lui coller à la peau. Il jeta un oeil à ses baskets qu’il avait eu un mal fou à remettre et soupira. Andrès leva sa jambe droite vers l’arrière, attrapa sa chaussure qu’il ôta et glissa ses doigts dans le tissus de sa chaussette pour l’enlever et la glisser dans la basket qui pendait au bout de son bras. Inutile de dire que tout ce stratagème lui fit perdre l’équilibre bon nombre de fois. Cela ne le découragea pourtant pas de faire de même avec la seconde jambe. 


Maintenant il avait un énorme train de retard sur Dante mais au moins ça lui permettait de marcher les pieds dans l’eau. Le jeune homme le rattrapa donc à son propre rythme. Chacun son tour d’attendre l’autre.

 

  - On va faire une dernière série de photo avant d’aller manger. 

 

Andrès fit un mouvement vague de la tête dans sa direction. Manger ?

 

  - Quoi comme genre de photos ?

  - Reste naturel.

 

Dans le genre déstabilisant, c’était pas mal. Comment peut-ont rester naturel quand on nous demande de l’être ?


  Andrès grimaça et essaya de faire abstraction de l’objectif, se contentant de jouer avec l’eau fraiche qui enserrait ses chevilles tout en continuant son chemin. A vrai dire, il se demandait surtout ce qu’ils allaient bien pouvoir manger. Son estomac gargouillait. Vivement qu’ils en finissent avec ces clichés… 


A première vue, ils se dirigeaient vers le quartier de Miraflores, donc il y aurait du choix pour la nourriture. Là bas, tous les restos se faisaient concurrence et étaient implantés les uns en face des autres. A force d’avoir trainé dans le coin, il savait qu’il y avait de nombreux restaurants péruviens, quelques restaurants italiens et il croyait en avoir aperçu un chinois ou un japonais, quoique la nourriture japonaise ne l’attirait guère… Manger du poisson cru comme ça n’avait pas grand chose d’intéressant, il préférait de loin un bon Ceviche. Ça avait déjà plus de goût et était bien plus assaisonné. 


  Le soleil chauffait sa peau mate et il se surprit à apprécier la caresse froide de l’eau autour de ses chevilles. Le ressac de l’océan la faisait remonter toujours plus haut le long de ses mollets, le rafraîchissant brutalement, puis se retirait tout aussi vite. Le clapotis irrégulier des vagues était une mélodie très apaisante quand on savait l’écouter.

Andrès ferma les yeux un long moment, réduisant son champ de perception à la mer. Ne rien avoir à penser, ne plus avoir d’obligations, se sentir libre de faire ce que bon lui semblait. Ça, c’était magique. Il avait l’impression d’être entouré d’une bulle bleue infranchissable où rien ne pouvait l’atteindre.

Rester dans cet état de semi-conscience un peu plus longtemps aurait été le bienvenu mais, ils approchaient de Miraflores et l’estomac du péruvien criait famine. Il ouvrit les paupières et redécouvrit les grains de sable sous ses pieds, les bâtiments au loin baignés de la lueur vive du soleil et l’éternel objectif de Dante. Sauf que cette fois il pendait simplement autour de son cou.

Le retour à la réalité lui paru moins brutal quand le photographe lui demanda où il désirait déjeuner avec un sourire. 


  Peut-être une pizza ? En fait non. Manger italien ferait sans doute trop plaisir à son tortionnaire, il était serein mais pas à ce point là. C’est avec un petit sourire sournois au coin des lèvres qu’il lui indiqua donc un restaurant traditionnel qu’il avait repéré un jour en passant, et qui l’avait fait saliver. Dante ne s’en formalisa absolument pas et acquiesça en se dirigeant vers la devanture qu’Andrès lui avait indiqué. Sans en connaitre la réelle cause, le jeune homme fut un peu déçu de voir que ça ne le touchait pas plus que ça mais le suivit en silence. 


  Les ordres irrévocables d’un estomac vaincront toujours toute requête requérant une quelconque concentration. 


  Ils s’installèrent en terrasse, profitant de la chaleur du soleil sans en subir les désagréments, abrités sous une tenture de couleur pourpre. Andrès observa les alentours et constata que comme à l’accoutumée le quartier était animé mais beaucoup moins qu’en soirée. La sieste de midi était encore très prisée des habitants, le moment où le soleil est à son apogée était source de fatigue, on lui préférait souvent les heures plus fraîches de la fin d’après midi, voire de la nuit. 


  Quand le serveur vînt leur apporter les menus, Andrès commanda sans même y jeter un oeil, il rêvait d’un bon Seco [ndla : plat à base de boeuf, riz, pomme de terre et sauce de coriandre avec des petits pois] depuis un bon moment déjà. Dante l’imita et choisit de lui faire confiance dans le choix de son plat. Le jeune homme l’observa et mesquin, se dit qu’il aurait dû prendre un ulluco [tubercule péruvienne effilée, cuisinée avec du lama], peu d’occidentaux adoraient ce repas qu’ils trouvaient particulier. Quoiqu’il en soit, leurs assiettes arrivèrent rapidement, surement à cause du fait qu’il n’y ait que peu de clients attablés à cette heure, et ils commencèrent à déguster tranquillement. 

 

  - Alors ? 

 

  Dante leva la tête de son assiette, le regard interrogateur puis comprit quand il vit le regard de son modèle descendre vers la table. 

 

  - C’est très bon, tu as bon goût. 

 

  Andrès hocha la tête, satisfait. La nourriture de son pays était bien la meilleure qu’il ait jamais mangé. Mais, n’en était-il pas de même pour chacun ? Chaque homme apprécie ce qu’on lui a apprit à aimer. 

Ils continuèrent à déjeuner en silence avant que Dante ne se remette à parler, levant à peine les yeux de son assiette. 

 

  - Et si tu me racontais un peu comment tu as atterrit dans la rue ?

 

Andrès plissa les yeux et sa mâchoire se crispa.

 

  - Pas envie d’en parler. Répondit-il sèchement.

 

  L’atmosphère plutôt bon enfant qui régnait à peu près deux minutes auparavant venait de sombrer au fin fond d’un abysse. Andrès était tendu comme un arc sur sa chaise et Dante lui lançait un regard presque incompréhensif, qui se mua rapidement en résignation, si le jeune homme en croyait ses déductions. 

 

  - J’aurais juste aimé en savoir plus. Pas la peine de te braquer comme ça. 

 

  Seul le silence lui répondit, il décida de ne pas insister plus que ça mais se pencha une dernière fois vers son modèle avant de clore le sujet.

 

  - C’est si douloureux que ça ?

  - C’est… Compliqué.

  - Bien.

 

  A dire vrai, le reste du repas fut tout aussi joyeux, les seuls sons qui s’échappaient d’entre eux, étaient les bruits des couverts et de mastications. Classe. 

Dante ne tentait même plus de faire la conversation, sentant combien le jeune homme était crispé. Étonnant d’ailleurs, habituellement les gens ne se privaient pas pour insister et avoir le fin mot de l’histoire. Andrès détestait en parler, surtout à un mec qu’il ne connaissait que très peu, mais il devait avouer que la partie la plus intéressante était quand les gens réussissaient à lui faire cracher le morceau et qu’ils ne savaient plus quoi dire ensuite. Ils semblaient perdus et extrêmement gênés. Ça c’était drôle. Sa petite revanche sur ces imbéciles. Ils avaient été plutôt rares, c’est vrai mais c’était jouissif quand même. 

 

  - Qu’est-ce qui vous a poussé à venir aussi loin ?

 

Le silence tendu qui stagnait entre eux avait eu raison de la patience d’Andrès. 

 

  - C’est… Commença le photographe.

 

  Son regard devint vague, il semblait ne plus se focaliser sur quoique ce soit en particulier. Il s’était perdu, avait dérivé assez loin et s’était laissé prendre au piège par le chant des sirènes empoisonné de ses souvenirs.

 

  - Compliqué. Acheva-t-il rapidement. 

  - Hum. Acquiesça Andrès. On est dans le même bateau. 

  - Pardon ? Releva Dante. 

  - On est dans le même bateau. 

  - Oui, j’imagine. Répondit le photographe d’une voix lasse.


 

  Andrès grattouilla le fond de son assiette avec sa fourchette. Dante ne semblait pas avoir une vie si fabuleuse que ça finalement. 

 

  - C’est bien.

 

Dante leva un regard surpris vers lui.

 

  - Qu’est-ce qui est bien ?

  - Ça vous rend plus humain. On dirait que ça vous arrive d’avoir des sentiments. 

 

Le photographe ricana faiblement et se cala dans le dossier de sa chaise. 

 

  - Je donne tant que ça l’impression d’être sans coeur ?

  - Oui. 

 

  Dante eu un mouvement vague de la tête vers l’avant, les lèvres légèrement entrouverte comme pour acquiescer tout en prenant un coup dans les gencives. 

Il souffla quelque chose qu’Andrès ne comprit pas avant de sortir son portefeuille de la poche arrière de son jean foncé et déposa un billet sur la table.

 

  - Tu as fini ?

 

Andrès hocha la tête.

 

  - Alors on rentre. 

 

 

Par Deadly - Publié dans : Sensitiv' Photograph' (Gay) [en cours] - Communauté : Roman gay Rose
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