Chapitre 20

—    Celui là est pas mal.

—    Hum… je préfère celui-ci. Répondit Ryan.

Josh observa les deux choix qui se présentaient à lui d’un œil critique. La comparaison ne l’avançait pas des masses. Les deux se valaient. Son regard erra un moment dans le magasin, essayant de trancher entre les deux options qui s’offraient à lui, et tomba sur quelque chose qui attira son attention. Ses yeux brillèrent d’un éclat malicieux. Ryan suivit son regard et écarquilla les yeux.

—    Euh…je suis pas sûr que…

—    Et pourquoi pas ?

—    Eh bien, sans parler de Sa taille, t’as vu son prix ??!

—    T’en fait pas pour ça, j’ai des réductions ici.

—    Des réductions ?

—    Disons que quelqu’un ici me doit un service.

—    Encore un mec avec qui t’as couché, je parie. Murmura le jeune homme.

—    Quoi ?

—    Rien.

—    Bon, attends-moi là, je reviens.

Ryan le regarda s’éloigner, restant devant le stand.

Comme s’il avait le choix…

Josh déambula plusieurs minutes dans le magasin avant de tomber sur celui qu’il cherchait, au détour d’une allée. Un instant il s’était demandé s’il serait là aujourd’hui puisque, ce travail n’était qu’un moyen de gagner de l’argent à côté de ses études.

            Le roux se posta à côté de lui, attendant qu’il le remarque. Le blond continuait de ranger des objets dans les rayons quand il se retourna, se sentant observé. Une expression de surprise se peignit sur son visage.

—    Josh ? Qu’est-ce que tu fais là ?

—    Je suis venu te voir.

Jason le regarda un instant, interdit, puis, sourit.

—    Te fous pas de moi. Qu’est-ce que tu veux ?

—    Une télé.

—    La tienne t’a enfin lâché ? Demanda-t-il d’un air moqueur.

—    Ouais…

—    C’est pas trop tôt. Elle datait de quand sérieusement ? Le Moyen Age ?

—    Presque. Sourit Josh. J’ai pris ce qu’on m’a donné.

—    T’aurais pu en avoir une autre depuis le temps.

—    Pas le temps d’aller en acheter une.

—    Bien, alors, laquelle tu veux ? Demanda Jason en le précédant, direction les téléviseurs.

—    Celle en plein milieu, devant Ryan.

—    Et ben, on s’embête pas.

Le jeune blond observait la feuille d’un œil morne. Il fallait qu’il lui dise. Il avait le droit de savoir. Il devait savoir. Mais… pas maintenant. Ça le forcerait à retourner voir son père. Et puis, c’était assez égoïste mais, il voulait passer du temps avec lui.

Ryan releva la tête, aperçu Josh et Jason s’avancer vers lui et se hâta de ranger dans sa veste ce qu’il avait dans les mains.

—    Je peux t’avoir 25% dessus mais 35 si tu me donne quelque chose que je veux.

—    Et qu’est-ce ?

Jason s’arrêta, se retourna et le regarda.

—    Je pense que tu dois t’en douter.

—    Quoi ? T’en a pas eu assez l’autre soir ? Demanda Josh moqueur.

—    Hum… j’ai fait ça uniquement pour toi ce soir là. T’en avais besoin.

—    Ben voyons.

—    Fais pas comme si ça t’intéressait pas, tu ne refuses jamais ce genre de plan.

—    Peut-être aujourd’hui sera l’exception à la règle.

Le blond lui lança un regard sceptique avant de s’avancer vers la télévision. Il releva la référence avant de la tendre à un de ses collègues.

—    Erik ! Va me chercher celle-là dans le stock et amène-la en caisse. Ordonna-t-il au jeune homme qui s’exécuta aussitôt.

Jason regarda le photographe, un léger sourire en coin.

—    Alors ?

—    Je m’en tiendrais à 25.

—    Comme tu voudras.

Jason les précéda en leur faisant signe de le suivre. Josh paya son nouveau téléviseur et deux hommes allèrent l’installer dans son coffre. Ils se rendirent tous dehors et, tandis que Ryan regardait distraitement la Volvo, Josh se pencha vers Jason.

—    Faudrait que je te parle d’un truc. T’as ta pause à quelle heure ?

—    13h30.

Josh jeta un œil à sa montre et hocha la tête.

—    Ok.

Ils se retrouvèrent seuls sur le parking, les hommes avaient fini de charger la voiture. Le photographe salua Jason et s’installa au volant tandis que Ryan prenait place à côté de lui.

*     *

*

            Le roux se posta au centre de la pièce, les mains sur les hanches, l’air fier et le sourire aux lèvres.

—    Eh ben, c’était du boulot mais, ça valait le coup.

Ryan, affalé sur le canapé, hocha la tête.

Ils avaient descendu l’ancienne télé au sous-sol et remonté celle-ci. Ce qui était un travail colossal si l’on considérait les cinq étages qu’ils avaient dû gravir. Surtout qu’un poste de télé n’est pas si  léger que ça... Ils étaient exténués après tout ça.

            Josh se laissa tomber sur le canapé à côté de Ryan en soupirant. Il passa une main dans ses mèches rousses ébouriffées et reposa son bras sur le dossier du sofa. Le photographe posa son regard azur sur l’horloge du magnétoscope. S’il ne voulait pas louper Jason, il fallait qu’il y aille maintenant.

—    T’as faim ? Demanda-t-il en se tournant vers Ryan.

—    Un peu oui. Répondit-il en souriant.

—    Je vais aller nous chercher à manger. Tu préfères quoi ? Italien ou chinois ?

—    Hum…chinois ? Dit-il après hésitation.

—    Ok. Ça marche.

Il se leva, prit ses clés et sortit de l’appartement.

*     *

*

—    Alors comme ça je suis devenu ton nouveau confident ?

Josh lui lança un regard noir pour répondre à ses sarcasmes.

—    Et Tom ?

—    Premièrement, c’est son frère donc, je ne peux pas lui annoncer ça sans me faire arracher la tête. Et deuxièmement, depuis son mariage je le vois de moins en moins.

Jason hocha la tête sans rien dire. Il n’était qu’un substitut mais, du moment que Josh avait besoin de lui, cela l’importait peu. Le silence s’éternisait. Il finit par ouvrir la bouche pour y mettre fin.

—    Donc, si je comprends bien, t’as couché avec Terrence en état d’inconscience ?

—    Ouais. Marmonna Josh.

—    Et tu sais pas si tu dois lui dire ?

—    Pourquoi tu répètes tout ce que je dis phrase par phrase alors que t’as très bien compris ?

Jason haussa les épaules.

—    C’est juste que ce que tu me dis m’étonne. T’as beaucoup changé. Avant tu couchais à droite, à gauche, sans te poser de questions. C’est sérieux avec Ryan ?

Le photographe regarda son ami d’un air sceptique, un sourcil levé.

—    Me regarde pas comme ça Josh. Ma question est justifiée. Tu ne serais pas venu me voir dans le cas contraire. T’as peur de lui faire du mal ça se voit. Tu t’es attaché à lui. Alors, si tu veux le garder, ne lui dit rien. Parce-que, ça va peut-être soulager ta conscience, pour peu que tu en aie une, mais ça va le faire énormément souffrir.

Josh soupira longuement en passant une main dans ses mèches rousses ébouriffées.

—    Joshua Cleaven se serait-il casé ?

Le roux lui lança un regard noir.

—    Si t’arrêtes pas tes sarcasmes tout de suite, j’te fais bouffer ton décodeur TNT.

—    C’est peut-être comestible remarque…

Josh secoua la tête mais ne pu s’empêcher de sourire.

—    Je dois y aller, faut que j’aille chercher à manger avant de rentrer et Ryan va se demander où je suis passé.

—    Bah, à la prochaine.

*     *

*

            Josh ouvrit la porte de découvrit Ryan assit devant la télé regardant les images défiler sans les voir. La porte claqua et il tourna la tête vers lui.

—    T’as mis pas mal de temps quand même.

—    Y avait la queue. Répondit-il d’un air contrit.

Le photographe ôta sa veste, la mit sur une chaise et alla s’installer à côté de Ryan sur le canapé. Il sortit la nourriture du sac en plastique et la disposa sur la table basse face à eux.

Ils se servirent en silence.

Ryan avait beaucoup réfléchi et pensait qu’il devait lui dire maintenant. Il devait savoir et il n’avait que trop attendu. Cela mettrait en péril leur journée ensemble mais, Josh lui en voudrait d’attendre plus.

—    Josh.

—    Hum ?

—    Il faut que je te dise quelque chose.

—    Qu’est-ce qu’il y a ? Demanda-t-il en se tournant vers lui le regard assombrit par l’inquiétude.

Il avait perçu la tension dans sa voix.

Ryan ouvrit la bouche, hésita, la referma puis, tenta de s’exprimer de nouveau.

—    Ça…ça te dirait d’aller faire un tour après manger ?

—    Oui, bien sur. Tu veux aller où ?

Ils finirent de manger en essayant de choisir un endroit sympa où aller. Se chamaillant gentiment comme des enfants.

Il n’avait pas pu lui dire. Il n’avait pas pu gâcher cette complicité qui les liait à ce moment même. Il voulait encore en profiter. Il avait été lâche.