Samedi 7 novembre 6 07 /11 /Nov 16:36



 

 

 

La porte qui claque me réveille en sursaut. Je fais un bond et manque de dégringoler du canapé. Je ne m’attendais pas à un réveil si brutal. Attendez… canapé ? Je me redresse vivement, des restes brumeux de sommeil obstruant encore ma vision. La couverture en laine glisse sur moi et Kay entre dans le salon à ce moment là.  J’ai même pas eu le temps de bouger.

      Qu’est-ce que tu fous à poil sur le canapé ?

On peut toujours compter sur Kay et son tact légendaire…

      T’étais où ?

Comment esquiver les questions gênantes par Kurt Jensen !

      Hum… avec un mec.

      Ah.

Qu’est-ce que vous voulez que je réponde à ça ? Il a bien le droit de s’amuser aussi non ? Et puis, ça m’aurait bien emmerdé s’il était rentré hier soir…

            Je regarde distraitement ma montre. Je bloque au moins trente secondes sur les aiguilles. Oui, c’est long mais, faut pas m’en vouloir, je suis encore dans la brume. Huit heures et quart. Et merde ! Je suis encore en retard ! Je me lève et m’enroule dans ma couette. Je hais la laine. Ça gratte et c’est très désagréable. Faut que j’aille prendre une douche moi.  J’atteins la porte de la salle de bain quand j’entends Kay murmurer un truc qui ressemble à « On s’est consolés entre meilleurs amis délaissés… ». J’ai surement mal compris. En même temps, y a quand même un mur entre nous, ça empêche les sons de passer. Enfin, ça les filtre.

      Quoi ? Je hurle à travers l’appart’.

C’est les voisins du second qui vont être contents. Ils ont toujours adoré m’entendre gueuler ces abrutis.

      Non, rien.

J’hausse les épaules et entre dans la pièce pour faire couler l’eau. Kay s’adosse au chambranle et me regarde moqueur.

      Alors, t’en a fait quoi de Matthew ?

Et merde…

      Comment ça ?

      Il est où ?

      Ben… chez lui j’imagine. Comment tu veux que je le sache ? Je réplique toujours dos à lui.

Si je me retourne, il va me griller tout de suite.

      Tu lui as pas sauté dessus ?

      J’étais surement pas assez bourré pour vouloir me manger un mur. Maintenant, j’aimerais prendre ma douche, tu m’excuses. J’ajoute en refermant la porte.

Je soupire. C’était pas loin.

Mais, il a pas tort. Il est où Matthew ? Il était avec moi cette nuit non ? Ça peut pas encore être un rêve. Je me serais pas retrouvé sur le canapé tout seul. Et encore moins à poil. Alors il s’est barré comme ça ? Sans rien dire ?

D’habitude, j’aurais tout raconté à Kay mais… là, je peux pas. Je crois que j’ai envie de garder ça pour moi. Ça serait pas plutôt pour qu’il ne soit pas au courant ? Il est au courant pour chaque mec qui passe dans mon lit mais… là, ça sort pas. Je sais pas pourquoi, mais j’arrive pas à lui dire et j’ai une trouille bleue qu’il le sache. Et puis, de toute façon, même moi je sais pas ce qui va se passer maintenant. Matthew va faire quoi ? Pourquoi il s’est barré en pleine nuit ? Faire comme si il ne s’était rien passé ? Ou simple envie de café et y en avait plus dans mes placards ?

Je sors de l’eau et m’habille. Je suis encore en retard. Pour changer…

 

 

*          *

*

 

 

      Eh ben, vous êtes en avance ! Râle mon adorable prof d’espagnol.

C’est sûr qu’avec ma demi-heure de retard, on voit que je me suis dépêché…

      J’avais tellement envie de vous voir vous savez…

      Bravo Kurt, vous venez d’obtenir une visite gratuite chez le proviseur. Je suis sûre qu’il adorera vos sarcasmes.

      Avec plaisir madame.

J’attrape mes affaires et quitte la salle. En refermant la porte, je l’entends soupirer, lassée. Et moi j’aurais mieux fait de rester couché. En plus, elle a même pas pensé à me coller quelqu’un aux basques. Remarque, elle a tellement l’habitude que maintenant elle sait que ça sert à rien. Si j’ai envie de me tirer, je le fais, même avec quelqu’un dans les pattes. Je sors du lycée t passe devant sa fenêtre. Hypocrite, je lui lance un clin d’œil avant de me barrer. Provocateur, moi ? Absolument pas !

En passant, je jette un œil dans la salle des profs mais, il n’y est pas. J’ai plus qu’à attendre ce soir pour lui parler. Ou lui arracher ses fringues. En espérant qu’il soit du même avis que moi…

 

            J’entre dans mon appartement et m’aperçois du silence qui y règne. C’est assez inhabituel. Je vais me changer dans ma chambre après avoir déposé mes affaires au pied du sofa. Apparemment Kay est sorti. J’espère juste qu’il fait pas de conneries.

            Je sors rapidement en attrapant mes clés, mon pass’ de bus et un peu de liquide. Je bloque une minute devant sa porte avant de me décider à frapper. Peut-être qu’il est là. Peut-être pas. Mais, je peux bien prendre cinq minutes pour lui parler et aller la voir ensuite. Je patiente, frappe de nouveau mais, rien. Il n’est pas là. Tant pis. Je repasserais plus tard.

 

 

*          *

*

 

 

            La porte s’ouvre et un immense sourire vient illuminer son visage. Elle est contente de me voir. Elle porte une large jupe en laine épaisse et un énorme gilet recouvert d’un châle noir. Ses collants sont troués et ses chaussons fatigués. Je lui offre un sourire tendre et la prend dans mes bras. Ça me fait de la peine de la voir comme ça. Elle qui était si coquette à l’époque, se laisse maintenant aller. Pourtant, elle est encore jolie, elle pourrait très bien retrouver quelqu’un. Mais, je suis presque sûr qu’elle pense encore à lui.

      Salut maman.

      Allez entre ! Entre ! S’exclame-t-elle en me poussant joyeusement à l’intérieur.

Elle m’entraine dans le salon et me fait m’asseoir sur un des fauteuils qui s’y trouve. Je me laisse faire docilement. Si ça peut lui faire plaisir. Elle revient rapidement avec deux tasses de café et des petits gâteaux. A croire qu’elle m’attendait. Elle dépose tout sur la table basse sans quitter son sourire.

      Alors comment tu vas ?

      Bien mais, toi ? ça va mieux ?

Je lui demande ça mais, je sais pertinemment que non. Je n’ai qu’à la regarder pour le voir.

      On fait aller tu sais.

      Tu sors encore ?

      Plus tellement.

Elle ne fait plus rien. Elle se laisse tellement aller que j’en ai mal au cœur. Je suis pourtant sûr qu’elle pourrait être heureuse. Ses longs cheveux noirs et ses yeux en amande dégagent un charme certain. Sans compter sur sa douceur. Et puis, pour une femme de cinquante ans, elle est encore très bien faite. Mais, à rester sans rien faire, comme une vieille, elle va rapidement en devenir une. Bientôt elle se plaindra de ses rhumatismes. J’avise, d’un coup d’œil, son tricot posé sur le fauteuil devant la télé. De légères rides marquent son visage et ses mains commencent à se plisser. Si elle ne bouge pas, elle va vraiment devenir vieille avant l’âge. Je l’observe et remarque son regard flottant fixé sur les cadres à ma droite.

Ce connard l’a détruite en partant comme ça, sans rien dire et, elle, elle garde des photos de lui dans son salon ! Il ne lui a pas fait assez de mal comme ça ?

      C’est une bonne chose pour tout le monde qu’il se soit tiré. C’était un pur connard et un lâche ! D’ailleurs, sa fuite le montre bien ! C’était la suite logique à son comportement.

Elle pose son regard dans le mien. Elle est peinée. Si je me demandais pourquoi, je serais bien hypocrite. La vérité fait toujours plus mal que les doux mensonges qu’on se raconte. Mais, comment peut-elle encore l’attendre après toutes ces années ? Il ne reviendra jamais ! Qu’est-ce qu’elle peut encore espérer après qu’il ait fui comme un voleur ?

      Tu l’aimais ?

Question bête. Bien sûr ! Sinon elle ne serait pas restée avec lui !

      Oui. Murmure-t-elle.

J’avoue que même si je m’y attendais, j’ai énormément de mal à le concevoir. Il nous a fait tellement de mal. Je me souviens encore de ses mots blessants quand il se mettait en colère. Il n’a jamais levé la main sur nous mais, ses paroles étaient pires que ça. Elles s’enfonçaient douloureusement dans mon cœur, comme des lames, le faisant saigner plus que des coups. Je suis peut-être injuste. Il avait surement de bons côtés, sinon, jamais elle n’aurait pu l’aimer n’est-ce pas ?  Mais, à 10 ans, les seules choses qu’on se rappelle, en général, c’est ce qui nous a marqué. Et moi, ce qui m’a marqué, ce sont ses mots. Des mots que j’ai subit pendant cinq ans…

            J’ai tellement envie de lui dire d’arrêter d’espérer. Que ça ne sert à rien sauf à lui faire du mal. Mais, avant que j’ai eu le temps d’ouvrir la bouche, le téléphone me coupe. Elle me lance un regard d’excuse et décroche.

Finalement, je me demande si je devrais vraiment lui dire. Ça risquerait de lui faire plus de mal qu’autre chose. Le problème, c’est qu’il faut que je la secoue un peu sinon, elle va se laisser survivre sans rien faire. Elle me fait penser à une femme au bord d’une falaise, qui ne sais pas si elle doit sauter, ou attendre que le rocher sur lequel elle est, se décroche lui-même de la parois rocheuse avant de s’écraser violement dans les flots en contrebas. Faut qu’elle sorte de là. C’est pas une vie ça !

            Elle échange quelques mots avec son interlocuteur, en me lançant quelques coups d’œil furtifs. Elle est blême. Elle raccroche lentement et m’adresse un sourire rassurant. Seulement, j’ai compris que ça n’allait pas si bien qu’elle le prétendait.

      C’était qui ?

      Une amie. Me répond-t-elle rapidement. Un peu trop rapidement d’ailleurs…

Nous gardons le silence quelques minutes avant que je ne puisse plus retenir ma langue.

      Pourquoi tu t’attaches à ce souvenir ?

      Il m’aimait aussi tu sais.

      La belle affaire ! Et maintenant ? Il est où ? Tu crois vraiment qu’il pense encore à toi ? Je m’énerve. Ça fait quatre ans maman. J’ajoute, plus doux. Il ne reviendra pas. Je souffle.

      Il t’aimait aussi.

      Je l’ai jamais remarqué figure-toi.

Elle ne dit rien. Le silence grandit et s’installe entre nous.

      Sinon, t’as besoin de quelque chose ?

      Non, rien. Merci. Sourit-elle.

      N’hésite pas à m’appeler si tu as besoin de quoique ce soit.

 

Nous avons encore discuté pendant une heure, de tout, de rien. Evitant simplement les sujets sensibles. Je me suis finalement éclipsé pour rentrer chez moi.

      Sors. Amuse-toi. Ne reste pas à rien faire, d’accord ?

Elle hoche la tête avant de m’embrasser pour me dire au revoir.

      Viens me voir quand tu voudras.

      J’essaierais. Répond-t-elle.

Déjà 16h. A l’idée de passer deux heures dans les transports, je sens le découragement me tomber dessus avec la légèreté d’une enclume. Ça va être long. Parfois, je me demande pourquoi j’ai emménagé si loin.

 

            J’arrive près de chez moi, il fait déjà nuit. C’est pas deux heures qu’il m’a fallut mais TROIS ! « Problème de voyageur ».  Encore un connard qui s’est suicidé sur ma ligne ! Peuvent pas aller se tuer ailleurs ces abrutis au lieu d’emmerder le monde ?*  Y a tellement de façon d’en finir, mais non ! Faut qu’ils choisissent le métro ! Ça fait chier plus de monde.

Remarque, moi aussi si je devais le faire je choisirais un moyen qui emmerde le plus de gens possible…

Je passe devant le square d’un pas las et distingue une silhouette qui m’est familière.

 

 

* Je préfère préciser que ses propos sont ironiques et tenus sous la colère de Kurt. Ne vous offusquez donc pas de la façon dont il parle des suicidés.

 

 

 

 

En tout cas, je vous remercie tous de toutes ces réactions qui me font tellement plaisir ! C'est d'ailleurs pour ça que je me démène pour essayer de pas trop vous faire attendre entre deux chapitres, et si j'en poste pas durant un moment, de vous en mettre deux d'un coup =)  Vos impressions, vos délires et même vos racontages de vie (que j'adore lire soit dit en passant et auxquels je réponds volontier ) ça donne encore plus envie d'écrire, pour vous surtout {#} 

P.S : Je peux vous dire que j'ai galéré pour trouver une image qui au moins un minimum de rapport avec le chapitre ! ^^

Et encore, c'est même pas ce que je voulais 

P.P.S : J'avoue avoir eu une méga flemme de me relire bien attentivement donc, s'il y a des suggestions ou des remarques, Enjoy ! 

Par Deadly - Publié dans : Cours particuliers (Gay) [Terminée] - Communauté : Auteurs Sadiques
Ecrire un commentaire - Voir les 8 commentaires
Retour à l'accueil

Recherche

Mes Liens !

Annuaire du Yaoi

Logo-A-Y-fond-fonce.png

 

N'hésitez pas à venir vous faire référencer !

Rejoignez la page FB de l'Annuaire : ici

Derniers Commentaires

Histoires lues ou en lecture

Conversations Parodieuses d'un soir d'été

 

 

Sims 

Dangerous Heaven

* Don't look back

* End of innocence

* Heaven Forbid

 

Gay

* Andreï

* Angel's Heart

* C'est Comme la masturbation

* Chez Danny

* Chimères 

* Crazy Chocolate

* Dans les limbes d'un monde (NEW !)

* Dix Milliard de choses à te dire 

* Down Syndrome

* Eternels rivaux

* Hot Chili (NEW !) 

* Jamais un sans deux

* Kissing my song

* Le Diable porte des caleçons noirs

* Le Jeu du chat et de la souris

* Le Vampire argentique

* Les Violons d'hiver

* Masked Faces

* Meurtre et Sorcellerie (NEW !)

* New York New York

* N'oublie jamais

* Pas Touche

* Peut-être avait-il rêvé (NEW !)

* Pour un Homme

* Serial Seducer

* Si tu veux me revoir... 

* Smog

* Soie Rouge

* Tel est pris qui croyait prendre

* Twilight

* Un Amour explosif

* Une Bonne raison

* Un job de rêve 

* Un jour mon Prince viendra (NEW !)

* Une vie de pas chat

* Un Simple regard

* Voleur (NEW !)

 

Het' 

* Finding Nemo (NEW !)

Je suis un vampire, c'est grave docteur?

* Nissa

Pulsion

 

Fanfics 

* Act Of Violence

* A la Une

* As a Girl

A quoi rêvent les anges ?

* Bad Day

* Bloody You <3 

* Burn Me

* HP et le presse papier lubrique

* L'étrange Noël de monsieur Potter

* Liaisons Dangereuses à Poudlard

* Orgueil 

* Prépare ton caleçon <3

* Sleepy

* The Poudlard Social Network

* Rockritic


* Potter VS Anneaux !

 

Les Cieux de feu et de glace

* Training Session

* XUniversity

 

* Pieces of Life

 

Scans Mangas


[Antique Désir]

* Kisu Series


[Boys Love Scantrad]

* Corsair { 1 - 2 - 3 }

 

[Naked Truth]

* Crimson Spell


[Passion Fruitée]

* Double Face


[Tomo]

 * Allure

* Last Portrait

 

[Yaoi x Yuri]

* Sekaiichi Hatsukoi


 
Créer un blog sexy sur Erog la plateforme des blogs sexe - Contact - C.G.U. - Signaler un abus - Articles les plus commentés