Je reprends mon souffle et me rhabille. J’attends un instant avant de sortir de ma « cachette ».

—    Ça va Kurt ?

Je me retourne, surpris, et découvre mon prof d’histoire. Oh non ! Pourvu qu’il n’ait rien entendu !

—    Je… Oui.

Je passe devant lui pour accéder aux lavabos et je me lave les mains.

—    J’étais venu voir comment ça allait parce-que ça fait un petit moment que tu as déserté la classe.

—    J’ai juste mangé un truc qu’était surement pas frais voilà tout.

—    Tu es malade ?

—    Un peu je crois.

—    Tu veux qu’on appelle tes parents ?

—    Mes parents ? Je ris. Je vis seul.

—    J’allais partir. Je peux te ramener si tu veux.

—    Est-ce qu’un prof est sensé ramener ses élèves ? Je demande en souriant.

—    Si tu préfères rentrer à pieds, c’est ton problème.

—    Non. Je veux bien que vous me déposiez mais, ça m’étonne que vous me le proposiez.

—    Va chercher tes affaires.

Je me dirige vers la classe, lui sur mes talons. Quand j’entre, il va discuter avec ma prof. Je ramasse mes affaires que je fourre en vrac dans mon sac. Il me fait signe sur le pas de la porte et je le suis. Nous sortons du lycée et il m’indique où se trouve sa voiture. J’ouvre de grands yeux ébahis.

Euh… il est vraiment prof ? Parce-que je ne vois pas comment un prof pourrait se payer une Lamborghini ! Il me fait signe de monter, sans se préoccuper de mon ébahissement. J’ouvre la portière et m’installe. Il démarre aussitôt et prend la route à une vitesse plutôt raisonnable pour une voiture de sport.

—    Juste par curiosité, qu’avez-vous dit à madame Allister pour qu’elle me laisse partir si facilement ?

—    Que tu étais malade et que quelqu’un allait te ramener.

—    C’est tout ?

—    Oui.

—    Eh ben, elle doit bien vous aimer !

Il rit et déclare le plus simplement du monde que madame Allister n’est pas insensible à ses charmes.

—    Ça explique tout ! Je m’exclame, moqueur.

Il faut dire que moi-même je n’y suis pas insensible. J’y suis même carrément ultra-sensible !

—    Dis moi, t’as quel âge ?

—    Dix-neuf.

—    Et tu vis déjà seul ?

—    Oui.

Je lui réponds froidement et espère qu’il n’insistera pas. Ce n’est pas parce qu’il est mon prof, qu’il me ramène et qu’il est ultra-sexy qu’il a le droit de se mêler de mes affaires !

—    Tu te fermes, c’est étrange, d’ordinaire, les jeunes sont plutôt heureux d’être enfin libres.

—    Je ne vois pas en quoi cela vous regarde !

Un silence s’installe, brisé seulement par les quelques indications que lui donne quant au chemin à prendre.

Après dix minutes de route quasi-silencieuse, il se gare devant mon immeuble.

—    C’est vraiment là que tu vis ?

Il a l’air totalement abasourdi.

—    Oui, pourquoi ?

—    Ben… Parce-que moi aussi.

—    Vous plaisantez ?

—    Absolument pas.

—    Je ne vous ai jamais vu dans le quartier. Vous venez d’emménager ?

—    Exact. J’ai fini hier. Appartement B4.

—    Alors c’est vous mon nouveau voisin ! Appartement B3.

—    Eh ben, pour une coïncidence… !

Nous descendons de voiture, il verrouille les portières et nous nous dirigeons vers le second étage. S’il est mon voisin ce sera d’autant plus facile de le faire céder ! Je jubile de joie en silence. Je le verrai sans doute tous les jours.

Et là… j’ai l’impression d’être pire qu’une fille !

—    Kurt ! S’exclame une voix qui me sauve de mes stupides divagations.

Je lève la tête et découvre Kay qui m’attend sur le pas de ma porte.

—    Salut Kay. Qu’est-ce que tu fais là ?

—    Je voulais te voir.

—    Tu sais que je ne suis pas sensé être là à cette heure ?

—    Ouais mais bon, on sait jamais. Et puis, t’es là.

—    Exact.

Kay pose son regard derrière moi et paraît surpris. Faut dire aussi que je suis avec un mec très canon !

—    Matthew ? Salut ! Je ne m’attendais pas à te voir ici.

Matthew ? Je me retourne et ne vois que mon prof d’histoire. A qui parle Kay ?

A mon grand étonnement, au lieu d’avoir une grimace de dégoût, comme la plupart des gens, en découvrant mon pote au look punk, il lui serre chaleureusement la main.

—    Salut Kay. Content de te revoir !

Attendez là, je comprends plus rien ! Content de te revoir ? C’est quoi ce bordel ?

—    Kurt, je ne savais pas que tu connaissais Matthew !

—    Moi non plus figure toi.

Kay ne relève pas le sarcasme et continue de sourire d’un air niais.

En tout cas Matthew je trouve que ça sonne bien…

Comment mon meilleur pote a pu ne pas me présenter un mec aussi canon ?

Je passe devant eux, ouvre la porte de mon appart’ et me retourne vers Kay et Matthew.

—    Merci de m’avoir raccompagné.

—    Ah vous êtes ensemble ? Demande Kay d’un air déçu. Alors je vais y aller.

Je lui attrape le bras et le tire vers moi.

—    Personne n’est avec personne et toi tu restes ici !

Je me retourne vers mon prof et marmonne vaguement un « A la prochaine. »

Je pousse Kay dans mon appart’ avant de refermer la porte.