Chapitre 5

Josh mit la clé dans la serrure, tourna et la porte s’ouvrit. L’appartement de Kendra était plongé dans l’obscurité et il y faisait plutôt froid. Le jeune homme alluma la lumière. La couleur du papier peint ne manquait jamais de lui causer un haut le cœur. Rose.

Une légère odeur de tabac flottait dans l’air. Depuis quand Kendra fumait-elle ? C’était justement ça le problème. Elle ne fumait pas. Alors qu’est-ce qui pouvait sentir comme ça ? Quelqu’un avait fumé ici…

Son regard se porta sur la chambre de la jeune femme. La fenêtre était ouverte. Etait-elle inconsciente au point de laisser ses fenêtres ouvertes ? Bon, pas besoin de s’éterniser ici ! Kendra avait juste besoin de vêtements. Le jeune roux se dirigea vers la chambre de la jeune femme mais, en passant devant le salon il vit que quelqu’un se tenait dans l’embrasure de la porte. Un grand jeune homme aux cheveux châtains et aux yeux noirs.

Ce visage fin… Ce regard… Cette expression…

—    Alors Josh ? Tu ne me reconnais pas ?

Le roux en resta estomaqué. Non, son imagination lui jouait des tours ! Il ne pouvait tout simplement pas être là !

—    M’aurais-tu oublié ?

—    Je… non.

On oublie jamais son premier amour après tout, n’est-ce pas ?

—    On dirait que tu as vu un fantôme !

—    C’est que… Dans mon esprit c’était le cas. Tu… Ça fait cinq ans qu’on m’a dit que tu avais succombé à ton coma. J’ai… j’ai dû faire mon deuil, j’aurais dû, mais… je n’ai jamais pu y arriver…

—    Tu croyais que j’étais mort ?

—    Quand tu es tombé dans le coma, ta mère m’a annoncé ta mort. Je voulais pas y croire. Tu ne pouvais pas être mort ! Mais, tout le monde disait la même chose que ta mère. Tes parents, les miens, et même ta sœur ! Ils ne pouvaient pas tous mentir. Alors, je me suis résigné. Mais je ne pouvais pas l’accepter. Ça signifiait ta disparition totale de ma vie et ça je ne pouvais pas le concevoir. J’ai vraiment beaucoup souffert de ça. Ça m’a détruit. Et, mes parents m’ont envoyé en internat à l’autre bout du pays. Je ne suis rentré que l’année dernière, mais, j’étais assez réticent. Revenir ici, signifiait, affronter ta mort et mes souvenirs.

Josh était étonné d’avoir dit tout ça. Il n’avait pas l’habitude de dévoiler ses sentiments à voix haute. Il aimait qu’on le croit insensible, alors il gardait tout pour lui, ne laissant paraître qu’une parfaite indifférence. Mais les mots, ces mots, étaient sortis tous seuls, sans qu’il n’ait pu les arrêter.

—    Ils t’ont vraiment dit que j’étais mort ?

—    Pourquoi est-ce que je te mentirais ?

—    Ma mère était au courant.

Josh le regarda d’un air interrogateur.

—    Pour nous. Elle voulait t’éloigner de moi. Elle ne supportait pas que son fils soit un salepédé. Je ne suis pas mort. Je me suis même réveillé au bout d’un mois. Quand j’ai demandé après toi à mon réveil, on m’a dit que tu avais quitté le pays. Et, jusqu’à aujourd’hui, je t’en ai toujours voulu. Je croyais que tu étais partit parce-que tu ne voulais plus de moi. Je t’en voulais à mort de m’avoir abandonné au moment où j’avais le plus besoin de toi.

Un léger silence s’abattit sur eux alors que le brun faisait une pause.

—    C’était une sale période. Ajouta-t-il. Je croyais être le seul à souffrir, mais nous étions deux.

Le brun s’avança et prit Josh dans ses bras. Le roux se raidit instinctivement, il ne savait plus où il en était. L’homme qu’il aimait, et qui était mort cinq ans plus tôt, réapparaissait et bien vivant ! Il n’était pas mort ! Une confusion intense régnait dans son esprit. Etait-il resté le même que dans son souvenir ? Surement pas, tout le monde change. Josh décida finalement de se laisser aller. Pourquoi penser à des choses négatives alors qu’ils venaient de se retrouver ?

—    Terry. Soupira Josh.

Le brun déposa délicatement ses lèvres dans le cou du roux avant de soupirer.

—    Tu m’as tellement manqué ! Souffla-t-il.

Josh sourit. Lui aussi il lui avait manqué. Et pas qu’un peu ! Il avait laissé un trou béant à la place de son cœur. Maintenant qu’il était de nouveau ici, son cœur allait-il retrouver sa place ?

Terrence le fixa un instant sans rien dire, scrutant chacun de ses traits, puis, l’embrassa doucement, tendrement.

Le bruit d’une serrure retentit et la porte s’ouvrit.