Deadly

Chapitre 24

 

Ryan ouvrit lentement les yeux, le martèlement des gouttes d’eau contre la vitre l’avait tiré de ses songes. Il se releva, le drap immaculé glissa et il se rendit compte qu’il avait froid. Il prit son tee-shirt posé à côté de lui et l’enfila. La pièce était étrangement vide et glaciale. Au dehors, le vent soufflait, ce qui n’avait pas pour effet de réchauffer la chambre. Le jeune homme se leva et mit son jean.

Josh était adossé à la gazinière, une tasse de café fumante entre les doigts.

—    Tu avais raison. Lui dit-il en le voyant entrer. Je vais aller au bureau ce matin. Ajouta-t-il devant son air interrogateur.

Ryan hocha la tête. La veille il avait dû le retenir d’aller amocher sérieusement Max et l’avait convaincu plutôt d’aller voir son père après avoir réfléchit. Le jeune blond avait été étonné de voir qu’il ne lui en voulait pas plus que ça d’avoir attendu autant. Il le lui avait seulement reproché avant de se lever, bien remonté, pour aller trouver Max et lui dire ses quatre vérités.

—    Tu peux rester ici. J’y vais et je reviens. Annonça-t-il en déposant sa tasse dans l’évier.

Il s’approcha de lui, l’embrassa, attrapa sa veste et sortit.

            Le jeune blond se retrouva seul dans l’appartement. Il observa la cuisine de fond en comble se demandant sérieusement ce qu’il allait bien pouvoir faire.

Pour commencer, il allait surement manger un morceau. S’approchant de la cafetière, il se servit une tasse de café puis, entreprit de fouiller les placards à la recherche de quelque chose à grignoter. Il ne trouva rien d’autre qu’un paquet de petits gâteaux secs. Josh avait-il l’habitude de s’alimenter autrement que par téléphone ? C’était presque à croire qu’il ne vivait pas ici. Ryan haussa les épaules et prit le paquet puis se dirigea vers le salon, s’installa devant la télé et commença à picorer dans le paquet.

            Qu’allait faire Josh ? Ou plutôt qu’allait faire son père ? Lui rendre son travail ? C’était le mieux qui pouvait arriver mais, connaissant Josh, il risquait de refuser. Il avait bien trop de fierté. Ce qui, dans certains cas, pouvait poser problème. Car qui pouvait se vanter de savoir comment allait évoluer leur relation ? Pour l’instant, la situation était plutôt positive et la journée qu’ils avaient passée ensemble la veille l’avait rassuré. Il n’avait pas pensé qu’ils pourraient être vus ensemble ou alors c’était justement le but, s’afficher ensemble pour lui prouver qu’il n’était pas rien pour lui. C’était bien là que la fierté revenait faire un tour. Quand Josh se rendra compte de ça, que fera-t-il ? Quand il verra que Ryan occupait une place plus grande que prévue, le gardera-t-il ou le jettera-t-il ? Prendra-t-il le risque de s’attacher plus ou au contraire fera-t-il tout pour le sortir de sa vie ? Ryan penchait plus vers la seconde solution. Josh n’était pas du genre à vouloir d’une relation. Mais…pourtant il était là dans son salon…

            La sonnerie du téléphone le fit sursauter et il décrocha sans réfléchir.

—    Allo ?

—    Josh ?

—    Non, il n’est pas là. Voulez-vous que je transmette un message ?

—    Ryan ?

—    Euh…oui.

—    C’est moi, Tom !

—    Ah…salut.

—    Qu’est-ce que tu fais chez Josh ?

—    C’est…euh…compliqué.

—    Tu couches avec lui ?

—    Euh…c’est plus compliqué que ça mais, oui.

—    Et je suis obligé d’appeler chez lui pour l’apprendre ?

—    Je n’ai pas vraiment eu le temps de te mettre au courant.

—    Mais…je te croyais totalement hétéro…

—    Il faut croire que tout le monde change.

—    Eh bien, quel revirement ! Avec mon meilleur ami en plus ! Plaisanta-t-il.

—    Figure-toi que je ne m’y attendais pas non plus.

—    Je m’en doute bien. Même si tu n’as pas énormément de temps libre passe me voir de temps en temps quand même.

—    Je n’y manquerais pas.

—    T’as été voir maman ?

—    …Pas encore…

—    Pas encore ? Donc t’as l’intention d’y aller ?

—    Peut-être.

—    Qu’est-ce qui t’as fait changer d’avis ?

—    Josh.

—    Au moins il n’a pas que de mauvaises idées. Ecoute ses conseils, ils sont très rarement erronés ou injustes.

—    J’ai remarqué, même s’il est plutôt impulsif.

—    Josh ? Impulsif ?

—    Oui, pourquoi ça t’étonne ?

—    Non, pour rien. Eluda Tom. Fais attention à toi surtout.

—    Ne t’inquiète pas pour moi.

—    A la prochaine et passe bientôt surtout.

—    Sans problème.

Il raccrocha et se replongea dans la contemplation vide de l’écran. Si plusieurs minutes plus tard on lui avait demandé ce qu’il avait regardé, il n’aurait su répondre.

            Il n’avait pas vu Tom depuis un petit moment c’était vrai. Ces derniers temps il avait été beaucoup trop accaparé par Josh. Tellement qu’il n’avait même pas pensé à son frère. Et si c’était lui qui attendait trop de cette relation qui ne mènerait surement à rien ? Ce n’était pas forcément la place qu’il prenait dans sa vie qui ferait fuir Josh mais, plutôt le fait qu’il s’accroche à lui ainsi. Il allait devoir faire attention à son comportement s’il voulait le garder le plus longtemps possible près de lui.

            La sonnette retentit dans l’appartement, stridente et horripilante.  Ryan se leva de mauvaise grâce et ouvrit la porte. Personne. Il s’approcha de la rambarde de l’escalier et se pencha en avant. Il n’entendit que des bruits de pas qui s’éloignaient rapidement. Surement un gamin qui n’avait rien trouvé de mieux pour s’amuser. Le jeune homme entra dans l’appartement et referma la porte quand, une enveloppe blanche au sol, attira son attention. Il la ramassa et fut surpris de voir son nom écrit en lettres majuscules sur celle-ci. Ryan ouvrit l’enveloppe et en sortit son contenu.

Horrifié, il se laissa tomber à terre. Les larmes affluèrent au coin de ses yeux et coulèrent le long de ses joues sans qu’il ne cherche à les retenir.

            Ce n’était pas possible ! Son cauchemar recommençait.

Il resta là un moment, laissant la tristesse le submerger. Il resta là, à essayer de comprendre comment cela avait pu se passer. Il resta là, sentant son monde s’écrouler sans qu’il ne puisse rien y faire. Il resta là, jusqu’à ce que son chagrin se transforme en colère.

Il se releva et claqua la porte.